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Le même empereur Suen ti fit une déclaration, par laquelle il dispensait à l’avenir le fils de déférer son père, et la femme son mari, laissant cependant la peine de mort pour les pères et les maris, qui manqueraient à déférer leurs enfants et leurs femmes coupables de certains crimes. Sur quoi l’empereur Cang hi dit : La différence que fit Suen ti, est fondée en bonnes raisons.


Yu cadet de Yuen ti fils de Suen ti comme lui, mais d’une autre femme, fut dès son bas âge fait Vang, ou roi de Tong ping ; quand il fut plus âgé, il s’émancipa un peu, et mécontenta sa mère, qui de son côté aigrit encore le mal. Yuen ti fit donner sur cela des avis au fils. Ensuite il écrivit à sa mère en ces termes.


Moi empereur, enjoint à tous les eunuques en charge, de faire passer cette lettre à la reine, mère du Vang ou roi de Tong ping.

Il m’est revenu certaines choses, à l’occasion desquelles je vous prie, Madame, de faire attention que la concorde et l’union fait le bonheur des familles, et que rien ne leur peut tant nuire, que la division entre les personnes les plus étroitement unies par le sang. Le roi de Tong ping, sous prétexte du rang qu’il tient, croît, dit-on, en fierté, à mesure qu’il avance en âge. Il néglige l’étude, il traite mal ses officiers : il semble même oublier un peu ce que vous lui êtes, et n’avoir pas pour vous tous les égards qu’il devrait. Ce sont des fautes en ce jeune prince : mais ce sont des fautes après tout, dont il n’y a guère que certains princes d’une éminente sagesse, qui soient tout à fait exempts à cet âge. Une ancienne maxime dit qu’il sied bien aux pères et mères de couvrir les fautes de leurs enfants. Pesez-là un peu, Madame, cette maxime, et faites réflexion aux nœuds qui vous unissent, vous et votre fils. Quoique vous viviez, et respiriez chacun à part, c’est cependant le même sang, ce sont les mêmes esprits dans deux corps. Peut-il y avoir des nœuds plus étroits ? Faut-il les rompre pour peu de chose ? Autrefois Tcheou kong donnant des avis à Pe kiu, lui recommanda fort entre autres choses, de ne jamais rompre avec un ami, que pour des raisons très considérables. Or si la simple amitié demande qu’on se pardonne mutuellement bien des fautes, jugez, Madame, jugés sur cela du cas présent. Au reste j’ai dépêché un envoyé vers le Vang[1], votre fils, et lui ai donné sur sa conduite quelques avis. Il n’excuse point ses fautes : il les reconnaît et s’en repent. Vous, Madame, de votre part, ayez soin

  1. Le roi.