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Kong sun tchi, tous étrangers. Il leur donna à tous de l’emploi, et ils le servirent si bien, que ce prince s’étant soumis vingt petits États, termina son glorieux règne par la conquête de Si yong.

Hiao kong vit sous son règne un changement prodigieux dans le royaume de Tsin. Les mœurs s’y réformèrent, le royaume se peupla ; il devint riche et puissant : ses peuples furent heureux et contents : les princes ses voisins l’aimèrent et le respectèrent ; il défit les troupes de Tsou et de Hoei, qui avaient osé l’attaquer, et agrandit son État de cent lieues de pays. À qui Hiao kong dût-il ces succès ? Ne fût-ce pas aux sages conseils de Chang yang son premier ministre ? Chang yang cependant était étranger.

Hoei vang ne se servit pas moins avantageusement de l’habileté de Tchang y. C’est par le secours de cet habile homme, qu’il fit les conquêtes que vous savez, et dont vous recueillez aujourd’hui les doux fruits.

Tchao vang sans le secours de Tan hi aurait-il pu détruire Yang heou, chasser Hou yang, affermir, comme il fit, sa maison sur le trône, fermer la porte aux cabales, réduire les princes ses voisins à dépendre de lui pour les choses les plus nécessaires à la vie ; en un mot faire dès lors de Tsin un véritable empire, au seul nom près ? Ce qu’ont fait ces quatre princes vos ancêtres, ils l’ont fait, en se servant d’étrangers.

Qu’il me soit permis après cela de demander, quel tort a jamais reçu votre État, des étrangers dont il s’est servi ? N’est-il pas évident au contraire, que si les princes dont j’ai parlé avaient exclus les étrangers, comme on veut les exclure aujourd’hui, ni leur État ne serait devenu si puissant, ni le nom des Tsin si fameux ? De plus quand je considère tout ce qui est à l’usage de Votre Majesté, j’y vois des pierres précieuses du mont Kouen, des bijoux de Soui et de Ho, et des diamants venus de Lung. Les armes que vous portez, les chevaux que vous montez, vos enseignes mêmes et vos tambours, ont pour ornement ou pour matière des choses qui viennent de dehors. Pourquoi vous en servir ?

S’il suffit de n’être pas né dans l’État de Tsin, pour en être exclus, quelque mérite et quelque fidélité qu’on ait, il faudrait, ce semble, pour agir conséquemment, jeter hors de votre palais ce qu’il y a de diamants, de meubles d’ivoire, et d’autres bijoux. Il faudrait éloigner de votre palais les beautés de Tchin et de Ouei. Si l’on admet cette conséquence, et si l’on prétend qu’absolument rien d’étranger ne doit trouver place à votre cour, à quoi bon vous offre-t-on chaque jour ces ornements de perles et d’autres semblables, qui parent la tête des reines ? Pourquoi ces gens si ennemis de tout ce qui est étranger, ne commencent-ils pas leur réforme, par bannir de votre cour tout ce qui en fait l’ornement, et par vous imposer la loi de renvoyer à Tchao la reine même, votre épouse ? Enfin la musique de Tsin consiste en deux ou trois instruments, dont un est de poterie, un autre d’os, et dont l’union ne produit qu’un ton assez triste ; voudrait-on vous y réduire, et vous engager à préférer ce son lugubre, aux agréables concerts des musiciens de Tchin et de Ouei ? Non, sans doute. Quoi donc, prince, quand il s’agit de votre pur plaisir, ce qui se présente de meilleur en chaque