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conserve ce parasol ; deux archers à cheval qui sont à la tête des premiers gardes : des gardes armés de faux redressées et ornées de flocons de soie à quatre étages ; deux autres files de gens armés, les uns de masses à long manche, les autres de masses en forme de poignet au serpent de fer, et d’autres armés de grands marteaux, et de longues haches en croissant ; de nouveaux gardes portant les uns des haches d’armes au tranchant redressé, et les autres armés de faux droites comme les premières ; quelques soldats portant ou des hallebardes à triple pointe, ou des flèches, ou des haches ; deux porteurs chargés d’une espèce de coffre très propre, dans lequel est enfermé le sceau de sa dignité. Deux nouveaux timbaliers qui avertissent que le mandarin approche ; deux officiers armés de cannes pour tenir le monde en respect, qui sont couverts d’un feutre ombragé de deux plumes d’oie. On voit ensuite deux porte-masses à dragons de grosse sculpture dorés, et un grand nombre d’officiers de justice, les uns armés de fouets ou de bâtons plats pour donner la bastonnade, les autres armés de chaînes, de fouets, de coutelas, et d’écharpes de soie. Deux guidons, et un capitaine commandant cette escouade : tout cet appareil précède le viceroi porté dans sa chaise, et environné de ses pages et de ses valets de pied, ayant près de sa personne un officier qui porte un grand éventail en forme d’écran. Il est suivi de plusieurs gardes, dont les uns sont armés de masses polyèdres, et les autres de sabres à long manche ; après quoi viennent plusieurs enseignes et cornettes, avec un grand nombre de domestiques à cheval, qui portent chacun ce qui est à l’usage du mandarin, comme un second bonnet renfermé dans son étui, en cas que le temps l’oblige d’en changer, etc.


De la marche pendant la nuit.

Quand il marche pendant la nuit, on porte, non pas des flambeaux comme en Europe, mais plusieurs grosses lanternes très propres, sur lesquelles on a écrit en lettres cubitales, les titres et les qualités du mandarin, avec l’ordre de son mandarinat, pour imprimer à chacun le respect qui lui est dû, et afin que les passants s’arrêtent, et que ceux qui sont assis se lèvent respectueusement. C’est le gouverneur de chaque hien ou de chaque tcheou, qui est chargé d’administrer la justice, de recevoir le tribut que chaque famille doit à l’empereur, de visiter en personne les corps de ceux qui ont été tués dans quelques démêlés, ou que le désespoir a porté à se donner la mort.


Des audiences.

Deux fois le mois il doit donner audience à tous les chefs de quartier, et s’informer exactement de tout ce qui se passe dans son ressort : c’est à lui de distribuer les passeports aux barques et aux vaisseaux, d’écouter les plaintes et les accusations, qui sont presque continuelles parmi un grand peuple : tous les procès viennent à son tribunal, il fait punir à grands coups de bâtons celui des plaideurs qu’il juge coupable : enfin c’est lui qui condamne à mort les criminels ; mais sa sentence, de même que celle des autres mandarins qui sont au-dessus de lui, ne peut être exécutée, qu’elle ne soit ratifiée par l’empereur. Les causes de peu d’importance se jugent en premier ressort par les trois mandarins subalternes, dont les charges ressemblent à celles de lieutenants particuliers de nos présidiaux.