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CHAPITRE QUATRIÈME.


Exemples par rapport à ces maximes, tirés de l’antiquité.


PARAGRAPHE I.
Exemples des anciens sur la bonne éducation.


La mère de Mencius avait la maison proche d’un lieu où étaient grand nombre de sépulcres. Le jeune Mencius se plaisait à considérer toutes les cérémonies qui se pratiquaient, et dans ses jeux enfantins, il se plaisait à les imiter. Sa mère qui s’en aperçut, jugea que cet endroit n’était pas propre à l’éducation de son fils : elle changea aussitôt de demeure, et alla loger proche d’un marché public. Le jeune Mencius à la vue des marchands, des boutiques, et des mouvements que se donnait un grand peuple qui s’y assemblait, se faisait un jeu ordinaire de représenter les mêmes mouvements, et les différentes postures qu’il avait remarquées. Ce n’est pas encore ici, dit sa mère, un endroit propre à donner à mon fils l’éducation qui lui convient. Elle quitta ce logement, et choisit une maison auprès d’une école publique. Le petit Mencius examinant ce qui s’y passait, vit un grand nombre de jeunes gens qui s’exerçaient à l’honnêteté et à la politesse, qui se faisaient des présents les uns aux autres, qui se traitaient avec honneur, qui se cédaient le pas, qui faisaient les cérémonies ordonnées lorsqu’on reçoit une visite, et son plus grand divertissement fut de les imiter. C’est maintenant, dit sa mère, que je suis à portée de bien élever mon fils.

Le jeune Mencius voyant un de ses voisins qui tuait un cochon, demanda à sa mère pour quelle raison il tuait cet animal. C’est pour vous, lui répondit-elle en riant : il veut vous en régaler ; mais faisant ensuite réflexion que son fils commençait à avoir l’usage de la raison, et craignant que s’il s’apercevait qu’on eût voulu le tromper, il ne s’accoutumât à mentir et à tromper les autres, elle acheta quelques livres de ce cochon et lui en fit servir à son dîner.