princes feudataires ; et montant sur une espèce de tribune, il lut publiquement l’ordonnance suivante, qui contenait douze principaux articles, qu’on devait inviolablement observer. Le premier, portait peine de mort contre les enfants qui ne rendraient pas à leurs parents, le respect qui leur est dû. Le second, défendait de substituer une concubine à la place de la femme légitime, et pareillement de préférer le fils d’une concubine au fils de la femme légitime, pour le constituer héritier du royaume. Le troisième ordonnait d’honorer singulièrement les personnes distinguées par leur sagesse et leur mérite, et de leur assigner des pensions honnêtes pour leur subsistance. Le quatrième, de respecter les vieillards. Le cinquième, de bien élever les enfants. Le sixième, de ne point mépriser les étrangers, mais de les recevoir avec bonté, et de les traiter avec honneur. Le septième, de récompenser d’une pension héréditaire, ceux qui ont rendu quelque service à l’État. Le huitième, de ne point conférer à un seul homme plusieurs emplois ou dignités. Le neuvième, de n’élever aux charges du gouvernement, que ceux qui le méritent, et qui ont donné des preuves de leur capacité. Le dixième, si un premier ministre se trouvait coupable d’un crime digne de mort, de ne lui point faire subir cette peine, sans en avoir donné avis à l’empereur. Le onzième, de ne point faire de digues, et de chaussées dans un temps de sécheresse, pour retenir les eaux sur ses terres, et empêcher qu’elles ne coulent dans les royaumes voisins. Le douzième, de ne point transporter à un autre son royaume, ni en entier, ni en partie, sans un exprès consentement de l’empereur.
Que la conduite du Ciel sur les sages et les héros est admirable ! poursuit Mencius. Chun, cet illustre empereur, a été tiré de la charrue, pour monter sur le trône ; Kao tsong alla chercher parmi des maçons le sage Fou yue et lui fit quitter la truelle et le mortier, pour l’élever à la première dignité de sa cour. Kiao ke, de cabaretier qu’il était, devint le chef de tous les conseils du prince Ven vang. Ven kung en tira un autre de prison, pour le faire son premier ministre. Pe li hi n’était qu’un petit marchand ; le roi de Tsin[1] lui donna le premier rang dans sa cour ; et il profita si bien de ses conseils, que nul prince ne s’est acquis dans l’empire une autorité et une réputation égale à la sienne.
Ainsi quand le Ciel destine un homme aux plus grands emplois, qui demandent une vertu extraordinaire, il ne manque pas de l’y disposer par une suite d’adversités et de disgrâces, par la faim, par la pauvreté, par les fatigues, et par divers fâcheux événements. C’est dans le malheur que la vertu a coutume de se recueillir, et de réunir toutes ses forces, pour lutter contre la mauvaise fortune. Un sage ne connaîtrait pas jusqu’où peut aller sa fermeté et sa constance, s’il n’était pas mis à ces sortes d’épreuves.
C’est aussi ce qu’on voit arriver dans le gouvernement des royaumes. Un prince qui manque de sages ministres propres à maintenir la vigueur des lois, et à le redresser lui-même, s’il s’égare, tombe bientôt dans les pièges
- ↑ Maintenant la province du Chan si.