Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/479

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

docteurs aveugles, et embrasser leurs pernicieux dogmes. Que deviendra le bon ordre, la paix, et la tranquillité de l’empire, si on ne réprime au plus tôt ces sectaires ? On a vu dans tous les temps de grands personnages, qui sont venus au secours de l’empire, lorsqu’il était sur le penchant de sa ruine. Le célèbre Yu, arrêta le débordement des eaux, et rétablit l’abondance. Le prince Tcheou kong dompta et mit en fuite des nations barbares, qui étaient venues du septentrion et du midi, et rendit aux peuples leur première tranquillité. Confucius remit en vigueur les lois anciennes, et s’opposa aux pernicieux desseins de quelques rebelles. Maintenant que des pestes publiques se répandent de tous côtés, pour corrompre les esprits, et anéantir les bonnes mœurs, ne dois-je pas, à l’exemple de ces grands hommes, faire tous mes efforts, pour les exterminer, et en préserver l’empire.

Mencius finit ce discours en donnant des règles de la vraie tempérance, et il fait voir le ridicule des fausses louanges. qu’on donnait à un homme, qui affectait vainement de paraître sobre.


SECONDE PARTIE.


CHAPITRE PREMIER.


À la vue de la conduite de quelques princes, qui dans le gouvernement de leurs États, ne suivaient que leurs caprices, et négligeaient les anciennes lois, Mencius fait les réflexions suivantes :

Un artisan, quelque habile qu’il soit, ne réussira jamais dans son ouvrage, s’il ne se sert du compas et de la règle. Celui qui préside à un concert, ne fera de la plus belle musique qu’une désagréable cacophonie, s’il n’emploie les douze flûtes, les unes longues, et les autres courtes, pour accorder ensemble les voix et les instruments. Il en est de même d’un prince : son État sera dans le désordre et la confusion, s’il ne dirige sa conduite sur les lois d’un bon gouvernement, que les anciens nous ont laissées.

Ce sont les anciens qui ont inventé les divers outils, les compas, la règle, la manière de niveler, les poids, les mesures, et tous les autres instruments dont on se sert maintenant avec tant de succès, pour perfectionner les édifices, et les différents ouvrages si utiles au bien public. Ce sont eux pareillement qui, par une application constante, ont tâché de transmettre à leur postérité l’art de bien gouverner les hommes, en établissant les plus sages lois, qui nous ont enseigné celles de l’équité, de la civilité, de la politesse ; qui nous ont appris à faire le partage des terres, à planter des arbres, à nourrir des animaux propres à l’entretien de la vie, et à établir les écoles, pour instruire les peuples dans les bonnes mœurs. Le prince qui