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Tous les mandarins sont infiniment jaloux des marques de leur dignité, qui les distinguent non seulement du commun du peuple, mais encore des autres lettrés, et de tous ceux qui sont d’un rang inférieur.


Leurs marques de distinction.

Cette marque consiste dans une pièce d’étoffe carrée qu’ils portent sur la poitrine ; elle est richement travaillée, et au milieu se voit la devise propre de leurs emplois : aux uns c’est un dragon à quatre ongles, aux autres un aigle, ou un soleil, et ainsi du reste. Pour ce qui est des mandarins d’armes, ils portent des panthères, des tigres, des lions, etc. Il y a pareillement de la distinction affectée aux ceintures qu’ils portent : autrefois avant que les Chinois eussent pris l’habit tartare, elles étaient divisées en petits carreaux, et s’attachaient par devant avec de grandes agrafes faites de cornes de buffle de rhinocéros, d’ivoire, d’écailles de tortue, de bois d’aigle, d’argent, d’or, et de pierreries : cette matière des agrafes était différente selon la diversité des emplois : il n’y avait que les colao qui pussent porter celle qui est de pierres précieuses, et c’est l’empereur qui la leur donnait, lorsqu’il les mettait en possession de leur charge. Maintenant c’est la ceinture de soie qui est toujours en usage.

Il y a une dépendance absolue entre ces diverses puissances qui gouvernent l’État. Le plus petit des mandarins a tout pouvoir dans l’étendue de son gouvernement, mais il relève d’autres mandarins, dont le pouvoir est plus grand ; ceux-ci dépendent des officiers généraux de chaque province ; ces derniers, des tribunaux de la ville impériale ; et les présidents des Cours souveraines, devant qui tremblent tous les mandarins, tremblent eux-mêmes devant l’empereur, en qui réside la souveraine puissance.


Distribution de leurs charges.

Voici comment se distribuent les charges des mandarins, c’est-à-dire, des officiers : quand des trois degrés de littérature, on en a passé au moins deux, on est en état de posséder des charges ; les noms de ces trois sortes de savants, c’est-à-dire, des sieou tsai ou bacheliers, des kiu gin ou licenciés et des tsing ssée ou docteurs, s’écrivent dans les registres du tribunal, appelé Lji pou, qui distribue les officiers chacun dans son rang et selon son mérite.

Lorsque leur temps est venu, et qu’il vaque des charges, ils se rendent à la cour : on ne les élève ordinairement, même les tsing ssée, qu’aux charges de gouverneurs de villes du second et du troisième ordre. Supposé que quatre de ces charges viennent à vaquer, on commence par en informer l’empereur ; et on appelle les quatre lettrés qui sont les premiers sur la liste ; puis dans une boîte élevée, où l’on ne peut atteindre qu’à peine avec la main, on met quatre bulletins, où sont écrits les noms des quatre gouvernements, ensuite chacun tire en son rang, et est fait gouverneur de la ville dont le nom lui est échu.

Outre les examens ordinaires, on en fait encore un autre, pour s’assurer de quelle sorte de gouvernement un lettré est capable ; et l’on dit que quand on a des amis, ou de l’argent à donner, les Chinois ne manquent pas de diverses adresses, pour faire tomber les meilleurs gouvernements, à ceux qu’ils ont dessein de favoriser.


Exactitude dans l'exécution de leurs ordres.

La facilité avec laquelle un seul mandarin, un tchi fou par exemple,