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faut qu’il règle sa vie et toute sa conduite, 2° Qu’il honore particulièrement les personnes sages. 3° Qu’il aime tendrement ses parents. 4° Qu’il traite avec distinction les premiers ministres de l’empire. 5° Qu’il traite les mandarins, et ceux qui aspirent aux charges, comme il se traite lui-même. 6° Qu’il prenne soin de ses sujets, comme de ses propres enfants. 7° Qu’il attire dans son État ceux qui excellent dans quelque art, ou dans quelque profession utile. 8° Qu’il reçoive avec bonté les étrangers et les ambassadeurs des autres princes. 9° Qu’il contienne dans les règles du devoir tous les rois de l’empire, et les princes tributaires. Après quoi il explique l’avantage que le prince retirera de la pratique de ces neuf vertus. Si sa vie est bien réglée, elle servira de modèle à ses sujets, qui formeront leurs mœurs sur son exemple. S’il honore les personnes sages, il trouvera dans leurs instructions et dans leurs avis un grand secours, pour se conduire lui-même, et pour conduire sagement les autres. S’il aime ses parents et ses proches, ceux-ci ne regarderont point d’un œil jaloux sa grandeur et son élévation ; mais ils feront de communs efforts, pour maintenir sa dignité et sa puissance. S’il traite avec honneur les premiers ministres de l’empire, quand il surviendra quelque affaire épineuse et difficile, il sera aidé de leurs conseils et de leur crédit, et il saura à quoi s’en tenir dans les résolutions qu’il faudra prendre. S’il traite les autres mandarins comme lui-même, la reconnaissance qu’ils auront pour un si bon prince, les rendra plus exacts et plus zélés dans l’exercice de leurs charges. S’il prend soin de ses sujets, comme de ses enfants, ses sujets l’aimeront comme leur père. S’il attire dans son empire des gens habiles en toutes sortes d’arts, ils y amèneront les richesses et l’abondance. S’il reçoit avec bonté les étrangers, sa réputation remplira les quatre parties du monde, et l’on viendra de toutes parts, augmenter le nombre de ses sujets, pour goûter les douceurs d’un si sage gouvernement. Enfin, s’il contient dans le devoir les princes tributaires, son autorité sera respectée, et la paix régnera dans l’empire.

Dans les douze articles suivants, il fait voir que ces vertus ne méritent point un si beau nom, si elles ne sont véritables et exemptes de tout déguisement ; que la vérité est l’essence de toute vertu ; que l’homme sage qui veut suivre ce milieu, en quoi consiste la vertu, doit s’attacher à l’étude de la vérité ; qu’elle réside dans le cœur par l’affection, et qu’elle se produit au-dehors par l’exécution ; que quand on l’a une fois acquise, on étend ses vues et ses soins à toutes choses ; on prévoit les choses à venir, comme si elles étaient présentes ; qu’enfin celui qui a acquis la perfection de la vraie vertu, s’il a en main l’autorité souveraine, ne peut établir que des lois sages et utiles au bien des peuples.

Enfin dans le trente-troisième et dernier article, il prouve que pour acquérir cette perfection, dans laquelle consiste le milieu de la vertu, il n’est pas nécessaire de faire des choses difficiles, pénibles, extraordinaires : il suffit de s’appliquer particulièrement à une vertu, qui toute intérieure, toute cachée, toute imperceptible qu’elle est aux yeux des hommes, ne laisse pas