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lui disant : aimez votre peuple, comme une tendre mère chérit son petit enfant ; que cet amour est inspiré par la nature, et qu’il ne demande point d’étude ; qu’on n’a jamais vu qu’une fille, avant que de se marier, étudiât comment elle doit s’y prendre, lorsqu’il s’agira d’allaiter son fils ; qu’un sage prince reçoit la même inclination de la nature, et que son exemple est la règle sur laquelle sa famille se gouverne : le gouvernement de sa famille est le modèle du gouvernement de son État.

Dans le dixième, il fait voir que pour bien gouverner un État, un prince doit juger des autres par lui-même ; que ce qui lui déplaît dans les ordres que lui donne celui qui a droit de lui commander, il doit se donner de garde de le commander à ceux qui lui sont soumis ; qu’il doit gagner le cœur de ses sujets par sa vertu, et leur en inspirer l’amour par ses exemples ; que le bonheur d’un État n’est pas d’avoir de l’or et de l’argent, mais d’avoir grand nombre d’hommes vertueux ; qu’un sage prince doit être surtout très attentif au choix qu’il fait de ses ministres ; qu’il ne doit jeter les yeux que sur des hommes justes, sages, équitables, et désintéressés ; que le cœur de ses sujets est pour lui un trésor inépuisable ; qu’il perdra ses richesses, s’il cherche à en amasser ; et que s’il les répand libéralement au milieu de son peuple, il ne cessera jamais d’être riche ; qu’enfin il ne goûtera de bonheur, qu’autant qu’il rendra ses peuples heureux, et qu’il préférera le bien public à ses intérêts particuliers.





TCHONG YONG,
OU
LE MILIEU IMMUABLE.


Second livre classique, ou canonique du second ordre.


Cet ouvrage qui est de Confucius, a été rendu public par son petit fils Tse sseë : il y parle du milieu qu’on doit tenir en toutes choses. Tchong signifie milieu ; et par yong on entend ce qui est constant, éternel, immuable. Il prétend prouver que tout homme sage, et principalement ceux qui sont chargés du gouvernement des peuples, doivent suivre ce milieu, en quoi consiste la vertu. Il commence d’abord par définir la nature humaine, et ses passions : puis il apporte divers exemples de vertus, et entr’autres de la piété, de la force, de la prudence, du respect filial, qui sont comme autant de modèles du milieu qu’on doit tenir. Il montre ensuite que ce milieu et sa pratique est la voie droite et véritable, que l’homme sage doit suivre, pour acquérir la plus haute vertu. Ce livre est partagé en trente-trois articles.

Dans le premier, il dit que la loi du Ciel est gravée dans la nature même