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la science, ou l’école des enfants. C’est une compilation de sentences et d’exemples, tirés des auteurs anciens et modernes. Je vais faire un précis de chacun de ces livres, afin de donner, autant qu’il est en moi, une légère idée de la science chinoise. Ceux qui voudront avoir une connaissance plus parfaite de ces ouvrages, la trouveront dans la traduction latine qu’en a fait le P. Noël, l’un des plus anciens missionnaires de la Chine, qui fut imprimée à Prague en l’année 1711. C’est de sa traduction, que j’ai tiré les connaissances que je donne des livres suivants.





LE TA HIO,
OU
L’ÉCOLE DES ADULTES,


Premier livre classique ou canonique du second ordre.


Confucius est l’auteur de cet ouvrage, et Tseng seë son disciple en est le commentateur. C’est celui que les commençants doivent étudier d’abord, parce qu’il est comme la première entrée du temple de la sagesse et de la vertu. On y traite du soin qu’on doit prendre de bien se gouverner soi-même, afin de pouvoir ensuite gouverner les autres, et de la persévérance dans le souverain bien, qui n’est, selon lui, autre chose, que la conformité de ses actions avec la droite raison. L’auteur appelle son livre Ta hio, ou la grande science, parce qu’il est fait principalement pour les princes et pour les Grands, qui doivent apprendre à bien gouverner les peuples.

Toute la science des princes et des Grands d’un royaume, dit Confucius, consiste à cultiver et à perfectionner la nature raisonnable qu’ils ont reçue du Tien, et à lui rendre cette lumière et cette clarté primitive, qui a été affaiblie ou obscurcie par les diverses passions, afin de se mettre en état de travailler ensuite à la perfection des autres. Pour y réussir, il faut donc commencer par soi-même, et pour cela il est important de bien pénétrer la nature des choses, et s’efforcer d’acquérir la connaissance du vrai bien et du vrai mal, de fixer la volonté dans l’amour de ce bien, et dans la haine de ce mal, de conserver la droiture du cœur, et de bien régler ses mœurs. Quand on s’est ainsi renouvelé soi-même, on n’a pas de peine à renouveler les autres, et par ce moyen on voit aussitôt régner la concorde, et l’union dans les familles ; les royaumes sont gouvernés selon les lois, et tout l’empire jouit d’une paix et d’une tranquillité parfaite.