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de leurs pères, et des femmes à l’égard de leurs maris ; des règles de la véritable amitié, des civilités dans les festins, de l’hospitalité, des honneurs funèbres, de la guerre, de la musique, et de plusieurs autres choses propres à lier et à entretenir la société.

Mais comme trois cents ans après que cette compilation fut faite par Confucius, tous les exemplaires en furent brûlés par l’ordre barbare de l’empereur Tsin tchi hoang, et qu’on ne put rétablir ce livre, que sur un petit nombre de feuilles qui avaient été sauvées de l’incendie général, et sur ce que les vieillards en avaient pu conserver dans leur mémoire ; il n’y a pas de doute, et c’est le sentiment des commentateurs et des interprètes, que cet ouvrage ne soit imparfait, et que par l’infidélité de la mémoire peu sûre de personnes avancées en âge, et par la mauvaise intention de quelques-uns, il ne s’y soit glissé beaucoup de choses étrangères et apocryphes : aussi y trouve-t-on beaucoup d’usages, qu’on ne pratique point aujourd’hui et c’est un livre, qui selon les Chinois mêmes, doit être lu avec beaucoup de circonspection.





Des livres classiques ou canoniques du second ordre, nommés Sseë chu.


Les cinq livres, dont je viens de donner l’idée, sont d’une antiquité très reculée et tous les autres qui ont été composés dans la suite par les plus grands hommes, n’en sont que des copies ou des interprétations. De ce grand nombre d’auteurs qui ont travaillé sur ces anciens monuments, il n’y en a point eu de plus illustre que Confucius : aussi est-il regardé depuis tant de siècles dans tout l’empire, comme le maître par excellence, comme l’ornement de sa nation, et le parfait modèle des sages.

Quoiqu’il n’ait jamais eu le titre de roi, il a gouverné une partie de la Chine pendant sa vie, par ses excellentes maximes, et par ses grands exemples : et après sa mort, la doctrine qu’il a recueillie dans ses livres sur les lois anciennes, a été et est encore regardée comme la règle parfaite du gouvernement. Comme il n’a eu d’autre vue dans ses entreprises, dans ses voyages, et dans ses entretiens, que de faire revivre la morale des premiers temps, et de procurer le bonheur des peuples en instruisant les rois, et en faisant régner dans l’empire l’amour de la sagesse, de l’équité, et de la vertu, sa mémoire est dans la plus grande vénération, et a répandu sur sa postérité un éclat, qui dure toujours depuis tant de siècles. Il n’y a proprement de noblesse héréditaire à la Chine que dans cette famille, qui subsiste encore, et qui y est extrêmement révérée. Plusieurs auteurs ont écrit la vie de ce Philosophe : je vais en rapporter ce qui s’en dit plus communément.