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Ven vang s’écrie : Hélas ! Rois de ce monde, vous êtes à l’égard de votre pauvre peuple, comme des bêtes féroces et affamées ; et vous mettez toute votre habileté à trouver des conseillers encore plus méchants que vous ; ne vous appliquant nullement à la vertu, vous êtes sans appui véritable et toute votre vie n’étant que mensonge, vous n’avez pour favoris que des trompeurs.

Ven vang s’écrie : Hélas ! Rois de ce monde, les murmures de votre peuple sont comme les cris des cigales, et la colère bouillonne dans le milieu de son cœur. Vous touchez au dernier malheur, et vous ne changez point. La peste est dans le sein de l’empire, et gagne jusqu’aux barbares les plus éloignés.

Ven vang s’écrie : Hélas ! Rois de ce monde, ce n’est pas le Seigneur que vous devez accuser de tant de maux ; ne vous en prenez qu’à vous-mêmes. Vous n’avez point voulu écouter les sages vieillards : vous les avez tous écartés ; mais bien que vous n’ayez plus auprès de vous de ces hommes respectables, vous avez encore les lois ; que ne les suivez-vous, pour détourner les fléaux qui sont prêts de vous accabler.

Ven vang s’écrie : Hélas ! Rois de ce monde, on le dit, et il n’est que trop vrai : ce qui a fait mourir ce bel arbre, ce n’est point qu’on en ait rompu les branches, ou qu’on en ait abattu les feuilles ; c’est que la racine était gâtée et pourrie. Comme vous devez vous regarder dans les rois qui vous ont précédé, et qui vous ressemblaient, de même vous servirez un jour d’exemple à ceux qui viendront après vous. Plus le monde vieillit, et plus il a d’exemples fameux pour s’instruire, et il n’en devient pas meilleur.

Voila ce qui concerne ces trois premiers livres classiques, sur lesquels je me suis un peu plus étendu, que je ne ferai sur les deux autres parce qu’il s’en faut bien que ceux-ci ne soient dans une égale considération, quoi qu’ils ne laissent pas d’être regardés comme des monuments très respectables.




LE TCHUN TSIOU.


Quatrième livre canonique du premier ordre.


Le Tchun tsiou n’a été mis au rang des King, que sous la famille des Han. C’est un livre compilé du temps de Confucius. Il est par conséquent fort inférieur aux trois autres, qui de tout temps ont été reconnus pour King véritables, sans qu’il y ait jamais eu sur cela deux sentiments : au lieu qu’il y a de grandes disputes touchant le Tchun tsiou. Les uns, et c’est le plus grand nombre, disent que c’est l’ouvrage de Confucius : les autres soutiennent que ce philosophe n’en est pas l’auteur : plusieurs veulent que