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cents qui soient élevés à ce degré. On choisit parmi ces nouveaux docteurs, ceux qui ont fait paraître le plus d’esprit et de capacité, pour composer le tribunal dont je parle, et qui se nomme Han lin yuen ; c’est une espèce d’académie, qui ne compte parmi les membres, que les plus savants et les plus beaux génies de l’empire.

Ce sont ces docteurs qui ont l’intendance de l’éducation du prince héritier, et qui doivent lui enseigner la vertu, les sciences, les règles de la civilité, et le grand art de bien gouverner. Ils sont chargés d’écrire les évènements considérables qui méritent d’être transmis aux races futures et l’histoire générale de l’empire. Leur profession est de continuellement étudier et de faire des livres utiles. Ce sont proprement les gens de lettres de l’empereur ; il s’entretient avec eux des sciences, et c’est souvent de leur corps qu’il choisit des colao, et les présidents des tribunaux suprêmes. Les membres de ce tribunal sont dans une grande estime et en même temps fort craints et fort respectés.


Des gouverneurs de province.

C’est l’empereur qui nomme pareillement les mandarins, auxquels il donne toute autorité dans les provinces. Elles sont gouvernées par deux officiers généraux, dont dépendent tous les autres : l’un qui s’appelle fou yuen ; c’est ce que nous nommons en Europe viceroi, ou gouverneur de province ; un autre, dont la juridiction est bien plus étendue, puisque deux et quelquefois trois provinces lui sont soumises. Celui-ci se nomme tsong tou.

L’un et l’autre sont à la tête d’un tribunal suprême de la province, où toutes les affaires importantes, soit civiles, soit criminelles, se décident ; c’est à eux que l’empereur envoie immédiatement ses ordres, et ils ont soin de les signifier aussitôt dans toutes les villes de leur ressort.

Quelque grande que soit l’autorité du tsong tou, elle ne diminue en rien celle des vicerois particuliers : tout y est réglé de telle sorte, qu’il n’y a jamais parmi eux aucun conflit de juridiction. Ce tribunal suprême de chaque province a dans son département plusieurs autres tribunaux, qui lui sont subordonnés, et un certain nombre de mandarins inférieurs, qui aident le viceroi à expédier les affaires.

Dans toutes les villes capitales des provinces, on a établi deux tribunaux, l’un pour les affaires civiles, et l’autre pour les affaires criminelles : le premier s’appelle pou tching ssée ; il a un président et deux assesseurs : ils sont tous trois mandarins du second ordre. Le président l’est du premier degré, et les assesseurs du second degré ; Le tribunal criminel, qu’on nomme ngan tcha ssée, a un président du troisième ordre, et au lieu d’assesseurs il a deux classes de mandarins, qu’on appelle ta oli.

Ces mandarins sont les visiteurs des différents districts qui partagent chaque province, et ils y ont leurs tribunaux. Leur charge est d’en rendre compte à l’empereur, surtout quand dans la province il n’y a point de visiteur envoyé de la cour.

Les uns appelés y tchuen tao ont soin de l’entretien des postes, des hôtelleries royales, et des barques de leur département, qui appartiennent à l’empereur. D’autres qu’on nomme ping pi tao, ont inspection sur les troupes.