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missionnaire de la Chine, qui a pris soin de les faire, assure qu’il les a traduits avec toute la fidélité et l'exactitude possible.





DIVERS EXTRAITS DU CHU KING.
Maximes des anciens rois
Dialogue


Quand un roi, dit Yu, peut connaître combien il est difficile d’être bon roi et un sujet, combien il en coûte pour remplir tous les devoirs d’un sujet fidèle, le gouvernement est parfait, et les peuples avancent à grand pas dans le chemin de la vertu.

Cela est sûr, dit l’empereur, et j’aime qu’on me parle de la sorte. Des vérités si solides ne doivent point se cacher. Qu’on distingue tous les sages, sans en laisser un seul dans l’oubli, et tous les royaumes de l’univers jouiront d’une profonde paix. Mais se reposer entièrement sur les sages, préférer leurs sentiments au sien propre, traiter avec bonté les orphelins, et ne rebuter jamais les pauvres : c’est une perfection, qui ne se trouve que dans le très sage roi[1].

En effet, dit Pe y, les vertus du très sage roi sont d’une étendue immense, et d’une activité infatigable, il fait tout, il convertit tout, il pénètre tout ; dans la paix, il embellit tout ; dans la guerre, il triomphe de tout. L’auguste Ciel l’aime tendrement, et le fait l’exécuteur de ses arrêts : il lui donne tout ce que les quatre mers renferment et il veut qu’il soit le maître de ce bas monde.

Ajoutez, dit Yu, que ceux qui lui obéissent sont heureux, et que c’est un grand malheur que de lui déplaire : car comme l'ombre suit le corps, et que l’écho suit la voix de même la récompense suit la vertu, et le châtiment suit le crime.

Vous avez raison, reprit Pe y. Il faut donc veiller sans cesse, et craindre dans ce qu’il y a de plus secret et de moins grossier ; fuir avec soin la volupté des sens, et se défier même des plaisirs qui sont moins criminels ; élever constamment les vrais sages, chasser sans ménagement les méchants ; ne rien faire dans le doute, et ne former aucun dessein qui ne puisse paraître au grand jour ; ne point abandonner la justice par complaisance pour le

  1. Les interprètes en devinant, croient qu'on parle ici du vieux empereur Yao. Cependant le texte n'a rien qui force d'admettre cette opinion ; car on y lit seulement Yi, qui signifie maître, et seigneur souverain.