Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/420

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

famille impériale plus florissante : elle compte 873 années de règne, et 35 empereurs.

Vou vang, qui en est le chef, était roi d’une partie de la province de Chen si : il prit les armes contre le tyran Tcheou, le vainquit, et fut proclamé empereur par le suffrage unanime des Grands de l’empire, et de tous les peuples. Son premier soin fut de rendre ses hommages à l’Etre suprême, de rétablir la paix et la tranquillité dans l’empire, et de procurer l’abondance à ses sujets, qui gémissaient depuis longtemps sous la tyrannie de son prédécesseur. Il fit ouvrir les prisons, et rendit la liberté à ceux qui y étaient détenus ; il fit chercher soigneusement les gens de mérite, qui avaient renoncé à leurs emplois et à leurs dignités, dans les derniers troubles, pour se faire un asile dans la retraite, et dans une condition privée : il les combla d’honneurs, et leur donna sa confiance.

Sa libéralité royale s’étendit principalement à ceux qui s’étaient toujours distingués par leur sagesse, leur bonne foi, et leur probité : et l’on vit renaître ces heureux temps, où il suffisait d’être vertueux pour être riche et honoré : il les fit entrer dans ses conseils, et les prit pour ses ministres. Il rétablit les poids et les mesures, il perfectionna les lois et les Constitutions de l’empire ; il rendit le premier éclat à de nobles familles, qui descendaient de Hoang ti, l’un des fondateurs de la monarchie chinoise, et d’Yao, de Chun, et d’Yu, premiers législateurs de l'empire, que Tcheou s’était efforcé d’éteindre, en les tenant dans l'obscurité.

Ces familles illustres se virent tout à coup, par la protection du nouvel empereur, revêtues de leurs premières dignités, et de nouveaux titres d’honneur qu’il y ajouta. Enfin il fut très attentif à augmenter la piété filiale, et à perpétuer la mémoire des parents défunts, en enjoignant aux enfants de leur rendre après leur mort, les mêmes honneurs et les mêmes devoirs, qu’ils leur rendaient pendant leur vie.

On décrit encore les sages enseignements de Tcheou kong, frère de l’empereur Vou vang, qui se rendit à jamais recommandable par sa bonne foi, par sa sagesse, et par ses autres vertus. L’empereur en mourant lui confia son fils aîné, et le gouvernement de l’empire durant la minorité. On lui attribue l’invention de l'aiguille aimantée ou de la boussole. Les ambassadeurs de Tong king et de la Cochinchine, étant venus apporter leur tribut au nouvel empereur, avaient essuyé beaucoup de fatigues dans la traversée, par les différents détours qu’ils avaient faits, faute de savoir se conduire. Tcheou kong leur donna une boussole, qui les guida dans leur retour, et qui leur procura une navigation heureuse.

Enfin, on trouve dans le Chu king qui est parmi les Chinois de la plus grande autorité, le vice puni, et la vertu récompensée ; plusieurs belles instructions, qui apprennent à bien gouverner un État ; de sages règlements pour l'utilité publique ; les principes, les règles, et les modèles des mœurs dans les premiers héros qui ont gouverné l’empire, et pour la mémoire desquels la nation a toujours conservé un respect extraordinaire. On verra volontiers quelques extraits de ce livre. Le P. de Prémare, ancien