Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/419

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la peste et de la famine, s’offrit en sacrifice pour son peuple, et pria le Ciel de détourner sur lui sa colère, et de faire cesser la misère publique.

Après avoir jeûné trois jours, et s’être rasé la barbe en signe de douleur, il monta dans une chaise traîné par des chevaux blancs, parce que cette couleur est celle qui à la Chine marque le deuil ; et suivi de toute la cour, il se rendit sur une colline appelée Sang lin. Là, se dépouillant de son manteau royal, et se revêtant d’une peau d’agneau, les pieds et la tête nus, il se regarda comme l’unique cause des calamités qui affligeaient son peuple ; et faisant un humble aveu de ses fautes, il éleva ses mains au Ciel, et le conjura de l’agréer pour victime, s’offrant de tout son cœur à mourir, pourvu que son peuple fût épargné.

À peine eut-il fini sa prière, que le Ciel se couvrit de nuages, qu’une pluie générale arrosa toutes les campagnes de l’empire, et fut suivie d’une abondance récolte. En mémoire de ce bienfait, il institua une espèce de musique appelée ta hoe, qui signifie grâce signalée obtenue du Ciel.

Quand les idolâtres ont des difficultés sur le mystère de l’incarnation, et sur la passion de J.-C. on leur remet devant les yeux ce trait de leur histoire. « Vous admirez, leur dit-on, et vous proposez pour modèle à tous les princes, celui de vos empereurs, qui se dépouillant de sa dignité, se fit la victime publique, et s’offrit en sacrifice pour ses sujets : combien plus devez-vous admirer la sagesse et la charité infinie de J.-C. qui s’étant revêtu de notre chair, se fait réellement une victime de propitiation, pour satisfaire à la justice divine, et pour procurer par l’effusion de son sang, le salut de tous les hommes ? » Cette raison tirée de leur histoire leur paraît convaincante, et fait plus d’impression sur leurs esprits, que les raisonnements les plus solides.

On trouve dans cette troisième partie du Chu king, les sages ordonnances de cet empereur, les belles instructions que le colao Tsong hoei lui donna, et à son fils Tai Kia ; les conseils et les avertissements qu’il reçut d’un autre colao nommé Y in ; d’autres beaux règlements d’un colao nommé Fou yue que l’empereur Cao tsong qui avait vu sa figure en songe, fit chercher de tous côtés, et qu’on trouva enfin parmi des maçons. Ce prince rétablit son premier ministre, et fit de grands progrès dans la vertu, en suivant les conseils pleins de sagesse d’un homme si rare, qu’il regardait comme un présent venu du Ciel.

Les descendants de Tching tang régnèrent environ 600 ans, jusqu’à Tcheou, qui fit revivre par sa tyrannie et par la cruauté le règne barbare de l’infâme Kié. Aussi les Chinois, quand ils parlent d’un méchant homme, disent que c’est un Kié, ou un Tcheou : à peu près de même qu’en Europe, on dit, en parlant d’un mauvais prince et d’un tyran, que c’est un Néron ou un Dioclétien.

Les trois dernières parties renferment ce qui s’est passé sous la troisième race dont Vou vang est le fondateur ; et on y lit les sages maximes et les belles actions des cinq premiers princes de cette race. Il n’y a eu aucune