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Telle est la table des figures inventées par Fo hi. C’est un labyrinthe, qui a donné bien de l’exercice aux savants de la Chine : mais il n’y a guère eu que Confucius, qui ait su les démêler. Les 64 figures étant composées chacune de six lignes, toute leur suite contient autant de lignes, qu’il y a de jours dans l’année, que les Chinois appellent intercalaire, c’est-à-dire, 384. Ce ne fut que 1.800 ans après Fo hi, qu’il parut un Œdipe, qui entreprit d’expliquer cette énigme, et d’en dévoiler le mystère. Par les divers changements qu’il donna à ces lignes, il prétendit faire connaître les transmutations réciproques des huit premiers principes. Son fils Tcheou kong eut le même dessein, et fit un ouvrage beaucoup plus étendu que n’avait fait son père. Il considéra ces lignes selon la liaison et les rapports que les premières ont avec celles du milieu et les dernières, et selon qu’elles participent le plus au parfait et à l’imparfait il en tira des conséquences, et y trouva des allusions, qui ne donnent pas un plus grand éclaircissement : ainsi l’un et l’autre ne firent qu’embarrasser cette énigme, par de nouvelles énigmes également obscures, Enfin 400 ans après, Confucius se fit l’interprète, et des lignes mystérieuses de Fo hi, et des interprétations des deux princes. Il en rapporta toute la doctrine, partie à la nature des êtres, et surtout, des éléments, et aux qualités de chaque élément ; partie aux mœurs, et à la manière de bien gouverner les hommes. Il fit donc servir ces figures, non seulement à la philosophie naturelle, mais encore à la philosophie morale, se persuadant qu’il y avait de grands mystères pour la conduite des États, cachés sous ces lignes symboliques. Dès que le Ciel et la terre furent produits, dit Confucius, tous les autres êtres matériels existèrent. Quand les autres êtres existèrent, il y eut ensuite le mâle et la femelle. Quand il y eut le mâle et la femelle, il y eut le mari et la femme. Quand il y eut le mari et la femme, il y eut le père et le fils. Dès qu’il y eut le père et le fils, il y eut le prince et le sujet : il y eut de la subordination et des devoirs réciproques. Le Ciel, selon lui, est l’emblème et le symbole du roi et des vertus royales ; la terre est l’image et le symbole des sujets. Il suffira de donner ici un exemple de l’explication d’une de ces 64 figures, pour connaître comment ses interprètes chinois en tirent des principes de morale. Plus on est élevé au-dessus des autres, disent-ils, plus on doit être en garde contre la fierté, l’arrogance, et l’orgueil ; plus on doit s’étudier à la modération, et à la modestie. C’est ce que nous enseigne la quinzième figure que voici.



Elle contient deux figures : la figure inférieure est composée d'une ligne