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Les sciences les plus recherchées parmi ces peuples, sont la parfaite connaissance de leur langue, des lois, de l’histoire, et la philosophie morale ; parce que ce sont les voies, par lesquelles ils peuvent parvenir aux premières charges. Nul ne peut être reçu au nombre des docteurs, s’il n’entend bien la langue, s’il n’en forme parfaitement bien les caractères, et s’il n’est capable de composer un discours élégant sur les principales maximes de leur morale, et du gouvernement, qui se tirent toujours des livres qu’ils appellent canoniques.

Il s’est fait une infinité de commentaires sur ces livres. Ce sont ces commentaires qui les occupent durant plusieurs années, pour se rendre savants et habiles dans la politique et dans la science des mœurs, qui est en effet la science la plus propre de l’homme, puisqu’elle regarde directement sa conduite, et les moyens de le rendre parfait selon son état et sa condition.

On voit que dès la fondation de l’empire, les Chinois s’appliquaient à l’étude des mathématiques, et particulièrement de l’astronomie. Il y avait dès ce temps-là des gens habiles, entretenus par l’empereur, qui faisaient des observations, qui calculaient les éclipses, et qui étaient récompensés, ou punis, à proportion qu’ils avaient réussi. Dans la suite la superstition a encore augmenté l’application à cette étude, parce que plusieurs sont persuadés que les événements dépendent de la disposition du Ciel ; qu’il y a des temps heureux, et des temps malheureux ; et qu’il est important à chacun de bien observer la diversité et la différence de ces temps, pour les entreprises des voyages, des traités, des négociations, et des mariages, pour s’aller présenter au gouverneur et à l’empereur, afin d’en obtenir des grâces, et pour autres choses semblables. Tous les ans on publie un calendrier aux frais de l’empereur, dans lequel les officiers subalternes du tribunal des Mathématiques, afin de le vendre plus cher, ne manquent pas d’insérer ces jours heureux et malheureux, qu’ils distinguent, selon les principes de leur astrologie judiciaire.

La nécessité a introduit parmi eux la médecine, comme parmi les autres nations. Ils ont grand nombre de traités sur cette matière ; mais en quoi ils se distinguent davantage, c’est dans la connaissance particulière qu’ils ont du pouls, pour distinguer les maladies, et les remèdes qui leur sont propres.

Pour ce qui est de l’histoire et de la poésie, comme l’une ne sert guère qu’à satisfaire la curiosité, et que l’autre n’est propre qu’au divertissement, il y a moins de personnes qui s’y appliquent, parce que ce n’est guère par ces connaissances que l’on peut s’avancer et faire fortune. Cependant leur histoire et leurs annales sont presque aussi anciennes, que le temps qui suivit d’assez près le déluge, et elles ont été continuées jusqu’à ces derniers temps par divers auteurs, et presque tous contemporains.

Au regard de leur poésie, outre les anciens livres, dont une partie est en vers, les poèmes de Kiu yuen sont d’une délicatesse et d’une douceur extrême. Sous la dynastie des Tang, Li tsao pé, et Tou te moëi, ne le cèdent guère aux Anacréons et aux Horaces. Enfin à la Chine, comme autrefois