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aujourd’hui dans la secte littéraire, cette ancienne pratique est presque anéantie ; il importe de la remettre en vigueur.

Pour cela il faut que le gouverneur de la ville ordonne aux mandarins des lettrés, de déterminer chaque mois un jour, où l’on s’assemblera dans la salle des leçons, nommée Min lun tang[1]. Là on donnera le sujet des compositions, et on y travaillera tout le jour sous les yeux du mandarin. Si le collège de la ville a des terres qui lui soient attachées, on prendra sur les revenus de quoi fournir aux repas, qu’on y donnera aux lettrés le jour de l’examen. A chaque table il y aura quatre plats, deux de viandes, et deux de légumes : ils mangeront quatre à une table : à la collation du soir on donnera deux petits pots de vin pour chaque table. Je fais réflexion que les étudiants, dans un de ces examens de la ville, ne seront guère que quelques douzaines : ainsi la dépense pour une assemblée montera à peu près à deux taels : et comme au sixième mois à cause des grandes chaleurs, et au douzième à cause des grands froids, il n’y aura point d’académie, tous les frais d’une année, pour ces repas n’iront guère qu’à vingt taels. La somme n’est pas si considérable, qu’un gouverneur de la ville ne la puisse tirer de ses épargnes. C’est à lui à faire publier d’avance le jour qu’il y aura assemblée et examen : il en donnera avis au mandarin des lettrés, et l’invitera à s’y trouver. Tous les jeunes étudiants capables de faire une pièce d’éloquence, seront admis à cet examen.

La composition finie, et les pièces ayant été lues et examinées, on réglera les différents degrés de bonté : on placera hors de rang celles qui seront jugées parfaites ; et pour entretenir l’émulation, on choisira les belles compositions du premier rang ; on en fera graver la planche, et on les imprimera, afin que le travail louable, même d’un jour, ne demeure point sans fruit et sans récompense.

De plus le mandarin ne manquera pas de louer avec distinction, ceux qui à la capacité, joignent le mérite d’une vie polie et réglée. Si ce sont des riches, il leur donnera quelque témoignage honorable écrit de sa main. Si ce sont des gens pauvres, il joindra aux louanges quelque présent d’argent, afin qu’ils puissent se régaler. Cette conduite fera que les moins capables se reprocheront leur négligence, dont ils sentiront mieux la honte. Ils s’animeront, ils s’efforceront d’atteindre à la perfection des autres ; et par ce moyen ils parviendront à être d’excellents lettrés. Je ne vois guère de voie plus efficace pour faire fleurir les lettres ; les gouverneurs des villes en auront la gloire. C’est ainsi qu’ils fraieront le chemin, qu’ils l’aplaniront, et qu’ils y conduiront comme par la main, les étudiants de leur district.


Remarque sur le précédent chapitre.


Ces examens sont appelés particuliers, pour les distinguer des examens

  1. Elle fait partie de l’édifice de Confucius.