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à présent n’aurais-je pas honte d’entrer dans le tse tang de la famille, c’est-à-dire, la salle, ou le lieu qui conserve les tablettes des ancêtres ?


XVIII

Sous la dynastie des Tang qui régnaient au temps de la venue de Jésus-Christ, Kung y fut fameux par un endroit. Il vit ses descendants jusqu’à la neuvième génération, qui ne faisaient tous qu’une même famille, parfaitement unie et paisible. L’empereur Kao tsong voulut voir cette merveille. Comme il passait pour se rendre à Tai chan, il honora la maison de Kung y de sa présence : il fit venir le bon vieillard, et lui demanda par quel moyen il maintenait l’union et la paix parmi tant d’enfants et de petits-fils. Kung y se fit apporter du papier, une plume, et de l’encre et il écrivit plus de cent fois la lettre gin, qui signe patience. Ensuite il présenta son papier à l’empereur : il voulait dire par là que les divisions dans les familles viennent du chagrin qu’on a de voir les uns mieux partagés que les autres, mieux vêtus, mieux traités, plus caressés, plus ménagés, plus honorés, plus heureux. Or la patience, quand on a su l’inspirer et la ménager, prévient ces désordres, et maintient les esprits dans l’union, et dans la concorde.


XIX

On vit de même du temps des Song la famille des Li ouen tching, composée de plus de trois cents bouches, tant fils que petits-fils et arrière-petits-fils, vivant tous ensemble, mangeant en commun, sans avoir fait le partage des terres et des biens. Ceux de sa famille, qui étaient mandarins, envoyaient leur superflu pour être mis dans la masse commune, d’où l’on tirait ce qui était nécessaire pour les besoins de toute la famille.


XX

Ouang Ouen fut élevé aux premières charges dans un âge avancé ; toutes les fois qu’il touchait ses appointements, il soupirait en baissant la vue puis se tournant vers ses domestiques : Cet argent que je reçois, leur disait-il, c’est la substance et le sang du pauvre peuple ; j’ai regret de l’employer à mon entretien.


XXI

Tchang tchi pe étant devenu grand mandarin, ne changea rien, ni à la table, ni à ses habits, ni aux ameublements de son hôtel, et il tenait ses domestiques dans la plus grande modestie. Vous vous trompez, lui disaient ses amis : en évitant la dépense, vous croyez vous faire la réputation d’un magistrat intègre ; mais votre frugalité passera pour une épargne sordide. Croyez-moi, mes amis, leur répondit-il ; la fortune est changeante ; aujourd’hui je suis employé, demain mon emploi me sera enlevé ; on passe aisément de la disette à l’abondance ; mais s’est-on accoutumé au luxe et à la bonne chère ? Qu’il en coûte, s’il faut revenir à sa première médiocrité ! Notre vie n’est, pour ainsi dire, qu’un jour ; faisons en sorte qu’elle soit unie et égale.


XXII

Siu moei et Yang yu étaient unis très étroitement, avant même qu’ils