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parents, dont il eut beaucoup à souffrir. L’empereur Yao fut instruit de son mérite, et de simple laboureur qu’il était, il le fit son successeur à l’empire, à l’exclusion de ses propres enfants, en qui il ne trouvait pas assez de vertu.


II

Un bon vieillard, sous la dynastie des Tcheou, avait un fils âgé de soixante et dix ans : celui-ci, pour divertir son père, et lui ôter l’idée de la décrépitude, contrefaisait devant lui le petit enfant, prenant des habits de différentes couleurs, imitant les jeux et les cris des enfants, sautant autour de lui, se laissant tomber à dessein, et se roulant à terre, content s’il pouvait par là faire rire le bon vieillard, à qui d’ailleurs il fournissait avec soin toutes les choses dont il avait besoin.


III

Sous le second règne des Han, un jeune enfant nommé Hoang hiang, ayant perdu sa mère à l’âge de neuf ans, pensa en sécher de douleur. Il redoubla d’affection pour son père. L’été il éventait longtemps le chevet, et la natte sur laquelle son père devait reposer ; et l’hiver il se couchait avant lui, pour échauffer la place, qu’il lui cédait ensuite. Le mandarin du lieu, qui apprit l’attention pleine de tendresse du jeune enfant, en fut si charmé qu’il fit ériger un monument public et durable de cette piété filiale, afin d’exciter la jeunesse à y exceller.


IV

Du temps des empereurs Tsin, un autre enfant de huit ans, appelé, Ou muen, donna une marque encore plus grande de la tendresse pour ses parents : ceux-ci étaient si pauvres, qu’ils n’avaient point de tour de lit pour se défendre en été des moucherons, qui infestent pour lors les maisons : le petit Ou muen se tenait près du lit ; et là se mettant nu jusqu’à la ceinture, il exposait sa chair délicate à la discrétion des moucherons sans les chasser : Quand ils se seront rassasiés de mon sang, disait-il, ils laisseront en repos mes parents. C’est ainsi qu’il les aimait.


V

Min sun perdit sa mère étant fort jeune. Son père se remaria ; il eut deux enfants de sa seconde femme : celle-ci maltraitait sans cesse Min sun ; il ne s’en plaignait point : un jour il tomba évanoui aux pieds de son père ; alors il en connut la cause, et voulait renvoyer la cruelle marâtre. Min sun l’en empêcha. Mon père, lui dit-il, nous sommes trois enfants dans la maison ; je suis le seul qui souffre et si vous renvoyez notre mère, nous souffrirons tous trois. Le père fut attendri de ce discours ; et la marâtre qui en eut connaissance, devint une vraie mère à l’égard de Min sun.


VI

Voici un autre trait où l’on voit, pour parler le style chinois, que la vertu force les cœurs les plus féroces à l’admirer et à l’aimer : il a quelque rapport à l’histoire de Pilade et d’Oreste.

Deux frères nommés, l’un Tchang hiao, et l’autre Tchang li, n’oubliaient rien pour fournir à l’entretien de leur mère. Le pays fut affligé d’une