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pas ? Les pères et les mères, ou les frères aînés, apprenant la visite du mandarin, pousseraient bien autrement leurs enfants ou leur cadets à l’étude. Le maître de son côté, après un tel honneur, aurait beaucoup plus de zèle et d’autorité pour se faire écouter, se faire obéir, et par là former d’excellents disciples pour les lettres et pour la vertu.


REMARQUE sur le même sujet.


Les Y hio, ou écoles fondées, et entretenues des libéralités du prince, des mandarins, ou des gens riches, qui ont du zèle pour le bien public, sont assez rares à la Chine, autant que j’en puis juger ; quoique les simples hio, ou écoles, soient si communes, qu’il n’y a peut-être point de village, ou l’on n’en trouve plutôt deux qu’une. Ici un jeune homme qui n’a point étudié, est une preuve vivante de l’extrême pauvreté de ses parents.

C’est un proverbe chinois, qu’il y a plus de maîtres que d’écoliers, et plus de médecins que de malades.

Enseigner est l’emploi de tous les pauvres lettrés, qui sont sans nombre : car comme on s’avance par les lettres, jusqu’à devenir grand mandarin, il n’y a guère de familles, qui ne fassent étudier quelques-uns de leurs enfants, dans l’espérance qu’ils parviendront comme d’autres ; et parce que le plus souvent leurs efforts sont inutiles, ils se trouvent réduits à enseigner la jeunesse.

Assez souvent les maîtres d’école, pour mieux assurer leur subsistance, se font un petit recueil de recettes propres à guérir les maladies ; et ils ajoutent à la qualité de maître, celle de médecin ; ou du moins ils se réservent à prendre celle-ci, quand l’autre, en avançant sur l’âge, vient à leur manquer : ainsi tout à coup ils se trouvent vieux médecins.

Les lettrés qui enseignent, s’ils se sentent du mérite, étudient en même temps pour monter à un nouveau grade. Si une fois ils parviennent dans les examens à être sieou tsai ou docteurs, dès lors, quelque pauvres qu’ils soient, ils sont tout à coup tirés de misère : toute la parenté contribue à leur entretien : ils peuvent demander des grâces aux mandarins : ils ont espérance de le devenir après un certain nombre d’années, et s’ils se rendent à la cour, pour y être précepteurs des fils de quelque grand seigneur, ou d’un grand mandarin, ils avancent plus vite et plus sûrement : aussi y en a-t-il plusieurs qui prennent ce parti.

La qualité de maître, ou sien feng, ne se perd point à l’égard de ceux qui ont été disciples. Celui, dit le proverbe, qu’on a une fois reconnu pour maître, doit être regardé durant toute sa vie comme père. C’est sans doute, selon ce principe chinois, que le fameux ministre d’État Paul Siu, grand protecteur de notre sainte religion, ayant appris la mort du missionnaire qui l’avait instruit et baptisé, prit le deuil, et le fit prendre à toute sa famille, comme il avait fait pour son propre père.

C’est aussi sur ce principe, que les disciples étant devenus mandarins,