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de la campagne. S’il en faut une pour une habitation d’environ vingt-cinq maisons, on trouvera dans le district d’une ville du troisième ordre, cent quartiers de cette nature ; cependant les appointements royaux pour l’entretien des professeurs, ne suffisent que pour deux villages : comment donc pourvoir à tout ? Voici mes vues sur cela.

Nos écoles d’aujourd’hui, je parle de celles qui sont hors des villes, sont bien différentes de ce qu’étaient autrefois celles qu’on nommait ainsi que j’ai dit, chou ou tsiang. Nos pères avaient la matière de leur étude réglée : les maîtres convenaient tous dans une même méthode d’enseigner ; les enfants à l’âge de huit ans commençaient à étudier ; on leur faisait d’abord lire le kin tse[1], pour connaître le temps ; ils étudiaient le livre des cinq parties de l’empire, pour s’instruire des différents pays. Ensuite on leur apprenait l’arithmétique ; on leur faisait lire la manière, dont on se comportait chez soi à l’égard d’un père, d’une mère, des parents, et des domestiques ; et pour le dehors, à l’égard des magistrats, des personnes âgées, et de leurs égaux ; voilà les livres qu’on mettait d’abord entre les mains de la jeunesse dans les basses classes, ou Siao hio.

A quinze ans ils passaient aux hautes sciences, Ta hio : ils apprenaient dans les livres de nos anciens sages, les endroits par où ils se sont rendus si recommandables, les rits, et les cérémonies de l’empire ; ce qui concerne les princes, les magistrats ; ce qui fait l’honnête homme, le politique, et généralement tout ce qui a rapport au bon gouvernement.

On s’appliquait donc d’abord à ce qu’il y a de plus aisé. Quand on avait acquis ces premières connaissances, on s’élevait à de plus sublimes ; ce progrès se faisait insensiblement. Mais enfin au bout d’un certain nombre d’années, on avait des gens très habiles. C’était dans les écoles de chaque quartier, qu’on se formait peu à peu. Ensuite les écoliers de différents endroits, ou de différents chou, se réunissaient dans le tsiang, ou école commune de tout le pays ; et là ils achevaient de se perfectionner par les conférences, par les leçons des premiers maîtres, par l’émulation qui s’excitait entre les étudiants.

Ces excellents moyens donnaient à l’esprit, au cœur, à l’homme entier, une nouvelle forme. La vertu qui s’acquérait comme par profession, rendait heureux une foule de gens ; et sans que l’on y eût bien pris garde, l’on voyait tout à coup ce grand renouvellement tant désiré dans tous les membres de l’État, qui en faisait un empire parfait.

Présentement les enfants des gens riches et de qualité, ont les moyens d’étudier, et ils ne le font pas : les pauvres n’ont pas de quoi y fournir, quand ils le voudraient. S’il se trouve des parents nobles et aisés, qui donnent une belle éducation à leurs enfants, ils prennent un maître en leur particulier, à qui ils assignent un appartement, sans permettre, de peur de s’avilir, que les petits voisins de basse condition viennent chez eux profiter

  1. C’est-à-dire, le calcul des années par cycle composé de 60 ans,