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devenir docteur ; au lieu qu’il ne faut à la Chine que de l’éloquence, et la connaissance des lois et de l’histoire.

Pour mieux faire connaître encore, quelle est l’attention des Chinois à former la jeunesse, et à faire fleurir les sciences dans l’empire, je rapporterai ici divers extraits des livres chinois, qui traitent de l’établissement de ces écoles publiques. C’est le père Dentrecolles qui a fait cette recherche, et qui m’en a fait part. Il n’y a pas de meilleur moyen de s’instruire de la Chine, que par la Chine même : car par là on est sûr de ne se point tromper, dans la connaissance du génie, et des usages de cette nation.





Extrait d’un livre chinois intitulé : L’art de rendre le peuple heureux, en établissant des écoles publiques.


Y HIO


Anciennement il y avait à la Chine pour un certain nombre de familles, un lieu nommé chou, et pour une étendue de pays un peu considérable, un autre appelle tsiang, ces deux endroits étaient destinés à élever et à former dans les sciences la jeunesse de l’empire. Dans l’académie de tsiang se perfectionnaient les lettrés d’un mérite extraordinaire. C’était les écoles de la campagne, qui fournissaient ces rares talents propres à être perfectionnés : encore aujourd’hui, ceux qui par leur savoir sont admis à la salle de Confucius, ont commencé par les exercices des jeunes étudiants.

L’empereur Hong vou fondateur de la précédente dynastie des Ming, persuadé combien il était important à l’État, d’animer et d’aider la jeunesse à s’appliquer à l’étude, ordonna dès la seconde année de son règne, que dans toutes les villes du premier, du second, et du troisième ordre, on eût à bâtir des écoles publiques ; six ans après pour étendre davantage ce bienfait, il fonda des écoles pour la campagne. Son ordre adressé aux premiers mandarins de chaque province, était conçu en ces termes.

« On voit à présent à la cour et dans toutes les villes, des édifices où l’on enseigne les sciences. Mon intention est que les gens de la campagne aient part aux grands avantages, et au changement merveilleux, que l’étude produira sans doute parmi mon peuple. C’est pourquoi, vous mandarins, faites au plus tôt bâtir des écoles à la campagne, et ayez soin de les fournir de maîtres habiles : ces maîtres étant autorisés et gens de mérite, chacun dans tout l’empire voudra que l’étude soit la première et la principale occupation des enfants, et qu’ils s’efforcent d’y exceller. »

Ainsi après le règne des Tartares occidentaux, les lettres commencèrent à refleurir sous la dernière dynastie. Je vais d’abord parler des écoles