Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/371

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’argent ou d’étain sur le haut de leur bonnet. Ils ne sont plus sujets à recevoir la bastonnade par l’ordre des mandarins publics : ils en ont un à part qui les gouverne, et qui la leur fait donner en qualité de leur maître, quand ils font quelque faute.

Au reste de ces quinze qui sont nommés, il n’y en a guère qui ne le méritent, et à qui on ne fasse justice ; ce n’est pas qu’il n’y en ait quelquefois qui ne soient favorisés ; mais quelque protection qu’ils aient, il ne faut pas qu’ils soient ignorants ; car si on pouvait prouver qu’il y eût eu de la faveur, l’envoyé de la cour serait perdu d’honneur et de fortune.

On peut dire à peu près la même chose des tong seng de guerre : c’est aux mêmes mandarins, qui examinent pour les lettres, qu’appartient le droit d’examiner pour la guerre. Ceux qui s’y destinent, doivent surtout montrer leur habileté à tirer de l’arc, et à monter à cheval, et s’ils se sont auparavant appliqués à des exercices du corps qui demandent de la force et de la vigueur, on leur en fait donner quelquefois des preuves, en levant, par exemple, une grosse pierre, ou quelque lourd fardeau : ce qui peut leur être utile, mais qui n’est pas essentiel ; et à ceux qui ont fait quelque progrès dans les lettres, on leur donne à résoudre certains problèmes, qui regardent les campements, et les stratagèmes de guerre : ce qui contribue à leur avancement. Il est bon de savoir que les gens de guerre ont, de même que les lettrés, leurs livres classiques, qu’on appelle aussi du nom de King. Ils ont été composés exprès pour leur apprendre les fonctions militaires.

Le hio tao est obligé par sa charge de parcourir la province, et d’assembler dans chaque ville du premier ordre, tous les sieou tsai qui en dépendent, où après s’être informé de leur conduite, il examine leurs compositions ; il récompense ceux qui se sont perfectionnés dans l’étude, et châtie les autres en qui il trouve de la négligence et de l’inapplication. Il entre quelquefois dans le détail, et les partage en six classes : la première est d’un petit nombre de ceux qui se sont distingués, auxquels il donne un taël de récompense, et une écharpe de soie. Ceux de la seconde classe reçoivent aussi une écharpe de soie et quelque peu d’argent. La troisième classe n’a ni prix ni châtiment. Le mandarin fait donner la bastonnade à ceux de la quatrième classe. Dans la cinquième on perd l’oiseau, dont le bonnet est décoré, et l’on n’est plus qu’une moitié de sieou tsai. Ceux qui ont le malheur d’être dans la sixième classe, sont tout à fait dégradés ; mais il y en a peu à qui cela arrive. Dans cet examen on verra quelquefois un homme de 50 ou 60 ans recevoir la bastonnade, tandis que son fils qui compose avec lui, reçoit des récompenses et des éloges ; mais à l’égard des sieou tsai ou bacheliers, on n’en vient point à la bastonnade pour les seules compositions. Il faut qu’il y ait eu des plaintes sur leurs mœurs, ou sur leur conduite.

Tout gradué qui ne se présente pas à cet examen triennal, court risque d’être privé de son titre, et d’être mis au rang du simple peuple. Il n’y a que deux cas, où il puisse s’en dispenser légitimement ; savoir quand il est