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solidité de résister aux injures de l’air ; mais son usage était incommode et embarrassant.

On eut donc recours à une autre méthode. Il est certain que dès la dynastie des Tsin avant J.-C. et par conséquent sous la dynastie suivante des Han on écrivait sur des pièces de soie et de toile. C’est pour cela que la lettre tchi est composée tantôt du caractère se, qui veut dire, soie, et tantôt du caractère kin, qui signifie toile. On coupait la pièce de soie ou de toile, selon la forme plus ou moins grande, qu’on voulait donner au livre.

Enfin en l’année 95 de l’ère chrétienne sous les Tong-han, c’est-à-dire, sous les Han, qui avaient transporté leur cour dans une province plus à l’orient, que les Han leurs[1] prédécesseurs, un grand mandarin du palais nommé Tsai lun, inventa sous le règne de Ho ti une meilleure forme de papier, qui porta son nom : Tsai heou tchi, papier du Seigneur Tsai.

Ce mandarin mit en œuvre l’écorce de différents arbres, et de vieux morceaux de pièces de soie et de chanvre déjà usé ; à force de faire bouillir cette matière, il lui donna une consistance liquide, et la réduisit à une espèce de bouillie, dont il forma différentes sortes de papier. Il en fit même de la bourre de soie, qu’on nomma papier de filasse. Peu après l’industrie chinoise perfectionna ces découvertes, et trouva le secret de polir le papier, et de lui donner de l’éclat.

Un autre livre intitulé Sou y kien tchi pou, qui traite le même sujet, dit que dans la province de Se tchuen le papier se fait de chanvre : Kao tsong, troisième empereur de la grande dynastie des Tang, fit faire un excellent papier de chanvre, où il faisait écrire ses ordres secrets ; que dans la province de Fo kien, il se fait de tendres bambous ; que dans les provinces du nord, on y emploie l’écorce des mûriers ; que dans la province de Tche kiang, on se sert de la paille de blé ou de riz ; que dans la province de Kiang nan il se tire du parchemin des cocons à soie : on le nomme lo ouen tchi. Il est fin, uni, et propre pour des inscriptions et des cartouches. Enfin, que dans la province de Hou quang, c’est l’arbre tchu ou ko tchu, qui fournit la matière du papier.

En parlant des différentes sortes de papier, il en nomme une espèce dont les feuilles sont longues de trois, et même de cinq tchang chinois[2] : il indique ceux qui ont trouvé le secret de le teindre en différentes couleurs, et en particulier il parle de la manière de l’argenter, sans y employer d’argent : c’est une invention dont on fait honneur à l’empereur Kao ti, de la dynastie de Tsi. Je l’expliquerai plus bas. Il n’a pas oublié le papier de la Corée, qui se fait, dit-il, de cocons de soie : et il rapporte que c’est de ce papier, que les Coréens payaient leur tribut à l’empereur, dès le septième siècle, sous le règne des Tang.

  1. Les Si han tinrent leur cour à Si ngan fou, capitale de la provinde de Chen si. Les Tong han la transportèrent à Lo yang, ou Ho nan fou, ville de la province de Honan.
  2. Un tchang a dix pieds de longueur