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Si l’on élève des vers à soie en été, ils ont besoin de la fraîcheur, et il faut mettre des gazes aux fenêtres, qui les préservent des moucherons. Si on en élève dans l’automne, il faut d’abord les tenir fraîchement, mais après qu’ils ont mué, et lorsqu’ils font leurs coques, on doit leur procurer plus de chaleur qu’on ne fait au printemps dans les mêmes circonstances, parce que l’air de la nuit est plus froid. Ces vers d’automne devenus papillons, peuvent donner des œufs pour l’année suivante : néanmoins on croit qu’il est plus sûr de s’en pourvoir durant le printemps, parce que quelquefois ceux d’automne manquent à réussir.

Si l’on garde des œufs d’été pour l’automne et qu’il s’agisse de les faire éclore, il faut les mettre dans un vase de terre qu’on aura soin de bien couvrir, afin que rien n’y puisse pénétrer. On placera ce vase dans un grand bassin d’eau de source bien fraîche, à la hauteur des œufs renfermés dans le vase : car si l’eau était plus haute, les œufs mourraient, et si elle était plus basse, plusieurs n’auraient pas la force d’éclore avec les autres. S’ils venaient à éclore plus tard, ou les vers ne vivront pas, ou bien s’ils vivent, leurs coques seront très mal conditionnées. Si tout est bien observé comme on le prescrit, les œufs écloront au bout de 21 jours. Il y en a qui, au lieu de les mettre dans de l’eau fraîche, conseillent de les placer à l’ombre sous quelque arbre bien touffu, dans un vase de terre fraîche et non cuite. Ils prétendent qu’après y avoir été laissés 21 jours, on les verra éclore.

Lorsque les vers à soie sont prêts de travailler, on peut les placer de telle manière, qu’au lieu de faire des coques, selon leur coutume, lorsqu’ils sont abandonnés à eux-mêmes, ils font une pièce de soie plate, mince, et ronde, qui ressemble parfaitement au pain à chanter, fait en forme de grande hostie. Il ne faut pour cela que couvrir d’un papier bien juste, et sans que rien déborde, un vase de cette figure, et y placer le vers prêt à filer sa soie.

On retirerait plusieurs avantages d’un travail ainsi dirigé : 1° Ces pièces rondes et plates se dévident aussi aisément que les coques. 2° La soie en est pure, et l’on n’y trouve point cette humeur visqueuse, que le vers renfermé longtemps jette dans sa coque, et que les Chinois appellent son urine : dès qu’il a achevé son ouvrage, on le retire sans lui donner le loisir de salir son travail. 3° Il n’est pas nécessaire de se presser d’en dévider la soie, comme on est obligé de le faire par rapport aux coques, et l’on peut différer tant qu’on veut ce travail sans courir aucun risque.


Des opérations des Chinois autour de la soie.

Quand on a retiré la soie des coques, on ne songe plus qu’à la mettre en œuvre : les Chinois, comme je l’ai dit, ont des instruments très simples pour ce travail, il n’est guère possible d’en donner une explication qui forme des idées nettes et précises. Ce sont là de ces choses dont on juge mieux par les yeux, que par tout ce qu’on en pourrait dire ; c’est pourquoi on verra représenté dans les diverses figures suivantes, et les différents meubles dont ils se servent dans le temps qu’ils élèvent les vers, et les divers instruments qu’ils emploient, pour réussir dans ces beaux ouvrages de soieries qu’ils fournissent à l’Europe.