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de fort près d’une enceinte de nattes, qui couvrent même le haut de la machine, soit pour les défendre de l’air extérieur, soit parce qu’ils aiment à travailler en secret, et dans l’obscurité.

Cependant après la troisième journée du travail, on ôte les nattes depuis une heure jusqu’à trois, et l’on donne une libre entrée au soleil dans la chambre, sans néanmoins que les rayons donnent sur le logement de ces petits ouvriers ; et après ce temps-là on les couvre comme auparavant. S’il venait à faire du tonnerre, on les préserve de la frayeur que causent le bruit et les éclairs, en les couvrant des feuilles de papier, qui leur ont déjà servi, lorsqu’ils étaient sur les claies.

Au bout de sept jours l’ouvrage des coques est achevé, et après sept autres jours, ou environ, les vers quittent leur appartement de soie, et paraissent en sortant sous la forme de papillons. Quand on ramasse ces coques, c’est assez l’ordinaire de les mettre en monceaux, parce qu’il n’est pas possible de dévider d’abord toute la soie, et que pour lors on est distrait par d’autres occupations. Cependant cela a ses inconvénients : car si l’on diffère à choisir dans le monceau les coques, dont l’on veut laisser sortir les papillons pour la multiplication de l’espèce, ces papillons de coques emmoncelées ayant été pressés et échauffés, ne réussissent pas si bien ; les femelles surtout qui en auront été incommodées, ne donneront que des œufs infirmes. Il faut donc mettre à part les coques des papillons destinés à la multiplication de l’espèce, en les plaçant sur une claie bien au large, et dans un endroit où l’air soit libre et frais.

Pour ce qui est de la multitude des autres coques, qu’on ne veut pas laisser percer, il s’agit de les faire mourir, sans que l’ouvrage en soit endommagé. Elles ne doivent être mises dans la chaudière, qu’à mesure qu’on est en état de les dévider, car si elles y trempaient trop longtemps, la soie en souffrirait. Le mieux serait de les dévider toutes ensemble, si l’on pouvait y employer le nombre suffisant d’ouvriers : notre auteur assure, que cinq hommes peuvent dévider en un jour trente livres de coques et fournir à deux autres autant de soie qu’ils en peuvent mettre en écheveaux sur un rouet, c’est-à-dire, environ dix livres. Mais enfin comme cela n’est pas toujours possible, on donne trois moyens de conserver les coques, sans qu’elles soient en danger d’être percées.

Le premier moyen est de les exposer au grand soleil durant une journée entière : les papillons ne manquent pas de mourir, mais l’ardeur du soleil est nuisible aux coques. Le second est de les mettre au bain-marie : on recommande de jeter dans la chaudière une once de sel, et une demie once d’huile de navette : on prétend que les exhalaisons empreintes des esprits acides du sel, et des parties sulfureuses de l’huile, rendent les coques meilleures, et la soie plus facile à dévider ; c’est pourquoi on veut que la machine où sont les coques, entre fort juste dans la chaudière, et qu’on lute à l’entour les ouvertures, par où la fumée pourrait s’échapper. Mais si ce bain n’a pas été donné comme il convient, en quoi il y en a plusieurs qui se trompent, il se trouve un grand nombre de papillons qui percent leurs coques. Sur quoi l’on avertit