onces de feuilles. Il y en a qui disent que la farine de certains petits pois verts, que les hommes mangent pour se rafraîchir, peut suppléer à la farine des feuilles : il est certain qu’elle est rafraîchissante pour les vers qui la prennent volontiers, et qu’ils en deviennent plus vigoureux.
Une situation incommode est souvent, comme je l’ai dit, la cause des échauffaisons qui rendent les vers malades, et cette maladie est la plus ordinaire et la plus dangereuse. Ils ne demandent à être pressés que quand ils sont enfermés dans les œufs. Dès qu’ils sont éclos, ils veulent être au large, surtout lorsqu’ils sont devenus chenilles, à cause de l’humidité dont ils abondent. Ces insectes, bien que malpropres d’eux-mêmes, souffrent beaucoup de la malpropreté. Leurs crottes qu’ils jettent en quantité, fermentent bientôt, et les échauffent considérablement, si l’on n’est pas exact à les en délivrer, soit en les balayant avec des plumes, soit, ce qui est encore mieux, en les transportant souvent d’une claie sur une autre.
Ces changements de claies sont surtout nécessaires lorsqu’ils sont devenus grands, et qu’ils approchent de la mue. Mais alors il faut y employer plusieurs personnes afin qu’ils soient transportés dans le même temps ; il faut les manier d’une main légère, ne les pas laisser tomber de haut, ne les pas placer rudement. Ils en deviendraient plus faibles, et plus paresseux au temps du travail. Le simple changement de claie est capable de les guérir de leurs indispositions. Pour donner un prompt soulagement aux infirmes, on jette sur eux des joncs secs, ou de la paille coupée un peu menue, sur quoi l’on semé des feuilles de mûriers : ils montent pour manger, et par là ils sortent du milieu des crottes qui les échauffent.
Toute la perfection de ce transport consiste à le faire souvent, en partageant ses services également à tous ; à le faire doucement, en mettant chaque fois les vers plus au large. Dès qu’ils deviennent un peu grands, il faut partager les vers contenus sur une claie, en trois autres claies nouvelles, comme en autant de colonies, puis en six, et l’on augmente jusqu’au nombre de vingt et davantage. Ces insectes étant pleins d’humeurs, on doit les tenir à une juste distance les uns des autres.
Mais ce qu’il y a de plus important, c’est de les transporter à point nommé, lorsqu’ils sont d’un jaune luisant, et prêts à travailler leurs coques. Il faut avoir disposé auparavant le logement propre à leur travail. Notre auteur propose une espèce de charpente négligée, ou de toit allongé et tant soit peu incliné, dont le dedans sera vide, et dont la pente sera divisée dans son circuit en plusieurs compartiments, qui auront chacun un petit rebord, où l’on placera les vers à soie, lesquels s’arrangeront ensuite d’eux-mêmes chacun dans leur district. On veut que cette machine soit creuse, afin qu’un homme puisse y entrer commodément sans rien déranger, et entretenir au milieu un petit feu qui préserve nos ouvriers de l’humidité et du froid si fort à craindre pour lors : j’ai dit, un petit feu, parce qu’il n’en faut qu’autant qu’il est nécessaire, pour procurer une chaleur douce, qui rende les vers plus ardents au travail, et la soie plus transparente. Cette nombreuse armée de vers étant ainsi rangée dans son logement, il faut l’environner