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Notre auteur voudrait même, autant qu’il est possible, que le feu qui exhausse la chambre, se fît de fiente de vache. Il conseille d’en ramasser pendant l’hiver, de la détremper, de la mettre en briques, et de la faire sécher au soleil. On rangera ces briques sur des couches de bois dur, qu’on aura mis dans les cavités maçonnées, on y mettra le feu, lequel produira une chaleur douce, et convenable aux vers, qui se plaisent à l’odeur de cette fiente, mais en prenant bien garde que la fumée ne pénètre dans le logement ; car ils ne peuvent la souffrir. Ce feu se conserve longtemps sous les cendres, ce qui n’est pas un petit avantage. Enfin, pour préserver le lieu de toute humidité, sans quoi il y aurait peu de profit à espérer, il faut que la porte ait par dehors un paillasson piqué, qui empêche que la fraîcheur de l’air ne s’y insinue.


Des meubles des vers à soie.

Il s’agit maintenant de meubler le logement, et d’y tenir prêts les instruments nécessaires, pour fournir aux besoins et à l’entretien des vers à soie. On disposera par étage neuf ou dix rangs de planches, plus ou moins, à la distance de neuf pouces les uns des autres. Là seront placées des claies faites de joncs à claires voies, en sorte que le petit doigt puisse passer dans chaque trou, afin que la chaleur du lieu y pénètre plus aisément, et que la fraîcheur y succède de même. Ces divers étages seront rangés de telle manière, qu’ils formeront une enceinte dans la chambre, au milieu, et autour de laquelle on puisse agir. C’est sur ces claies qu’on fait éclore les vers, et qu’on les nourrit jusqu’à ce qu’ils soient prêts à faire leur soie ; car pour lors la scène change.

Au reste, ces claies étant comme le berceau de ces vermisseaux extrêmement tendres, on y met une espèce de matelas, dit le Chinois, c’est-à-dire, qu’on y répand une couche de paille sèche, et hachée en petites parties, sur laquelle on étend une longue feuille de papier, qu’on adoucit en la maniant délicatement. Quand la feuille est salie par leurs crottes, ou par les restes de leur repas, c’est-à-dire, par les fibres des feuilles auxquelles ils ne touchent point, on la couvre d’un filet, dont les mailles donnent un libre passage : on jette sur ce filet des feuilles de mûriers, dont l’odeur fait monter aussitôt ce peuple affamé : ensuite on lève doucement le filet, qu’on place sur une claie nouvelle, tandis qu’on nettoie l’ancienne pour s’en servir une autre fois.

Voilà bien des précautions à garder pour le logement des vers : notre auteur les pousse encore plus loin. Il veut qu’autour du bâtiment, et à peu de distance, on élève une muraille, ou une épaisse palissade, surtout du côté de l’ouest, afin que si l’on est obligé de faire entrer de l’air de ce côté-là, le soleil couchant ne donne pas sur les vers à soie.


Cueillette des feuilles.

Quand il s’agit de ramasser les feuilles de mûriers, il conseille de se servir d’un large réseau, qui s’ouvre et se ferme à peu près comme une bourse, afin que les feuilles ne soient pas étouffées, et que dans le transport leur humidité se dessèche, sans qu’elle soit en danger de se faner.

Comme dans les premiers jours, après que les vers sont éclos, ils ont besoin d’une nourriture plus délicate et préparée, il veut qu’on coupe les feuilles en petits filaments très déliés, et que pour cela on y emploie un