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de leur peau, dont ils font du papier qui est assez fort pour couvrir les parasols ordinaires, surtout quand il est huilé et coloré.

Comme les mûriers vieillissent, et qu’en vieillissant leurs feuilles deviennent moins appétissantes, on doit avoir soin de les renouveler : outre la manière de les rajeunir par l’enture, comme je l’ai expliqué, on se procure de nouveaux plans, soit en entrelaçant des branches vives et saines dans de petites tonnes faites de deux pièces d’un gros bambou qu’on remplit de bonne terre ; soit en recourbant au printemps de longues branches qu’on a laissées au temps de la taille, et qu’on plonge par la pointe dans une terre préparée ; au mois de décembre suivant ces branches auront pris racine de bouture. Alors on les retranche du corps de l’arbre en les coupant adroitement, et on les transplante dans la saison.

On sème aussi des graines de mûrier : il faut les choisir des meilleurs arbres, et du fruit qui vient au milieu des branches. Cette graine doit se mêler avec la cendre des branches qu’on a brûlés ; le lendemain on agite le tout dans de l’eau : lorsque l’eau vient à se rasseoir, la graine inutile surnage : celle qui va au fond doit être séchée au soleil, puis on la sème avec du mil à parties égales et mêlées ensemble. Le mil est ami du mûrier, et en croissant il le défend des ardeurs du soleil ; car dans ces commencements il veut de l’ombre. Lorsque le mil est mûr, on attend qu’il fasse du vent, et alors on y met le feu. Au printemps suivant, les mûriers poussent avec beaucoup plus de force.

Quand les jets sont montés à une juste hauteur, il faut en couper la pointe, afin qu’ils se fournissent par les côtés, de même qu’on a soin de couper les branches qui naissent, jusqu’à ce que l’arbre parvienne à la hauteur qu’on souhaite. Enfin on transplante ces jeunes mûriers en différentes lignes, à la distance de huit à dix pas. Chaque plan d’une ligne sera éloigné de quatre pas de son voisin. Il faut éviter que les arbres d’une ligne ne répondent directement à ceux de la ligne opposée ; apparemment qu’on affecte ce défaut de symétrie, afin que ces arbres ne se fassent pas de l’ombre les uns aux autres.


Du logement des vers à soie.

Ce n’est pas assez d’avoir cultivé des mûriers, propres à fournir la nourriture convenable aux vers à soie, il faut encore préparer à ces précieux insectes, un logement qui soit conforme aux diverses situations où ils se trouvent, et au temps où ils sont occupés de leur ouvrage. Ces habiles ouvriers qui contribuent de leur substance, au luxe et à la délicatesse de nos habits et de nos meubles, méritent qu’on les traite avec distinction. Les richesses qu’ils fournissent, se mesurent sur les soins qu’on prend d’eux : s’ils souffrent, s’ils languissent, leur ouvrage souffrira et languira à proportion.

Il y a quelques auteurs chinois, qui ont parlé du logement propre pour les vers à soie ; mais ils n’ont écrit que pour ceux qui suivent une certaine routine, par rapport à une petite quantité de soie proportionnée à leur loisir, à leurs facultés, et à leur étroite habitation : car il y a certaines provinces, où presque dans toutes les maisons on élève des vers à soie. L’auteur