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qu’elle est curieuse. Un auteur de réputation qui vivait sous la dynastie des Ming, qui est d’une province, laquelle abonde en soieries, a fait un assez gros livre sur cette matière. Le père Dentrecolles m’en a envoyé l’extrait, dont j’ai tiré ce qui m’a paru le plus propre à perfectionner, un si beau travail, et à en assurer le succès.

Comme la soie n’est pas chère à la Chine, il faut que les dépenses nécessaires pour la mettre en œuvre, soient peu considérables. D’ailleurs, l’estime qu’on en fait en Europe, d’où chaque année on voit partir tant de vaisseaux pour y aller s’en fournir, fait juger que de nouvelles connaissances données par les Chinois sur un travail si intéressant, ne seront pas tout à fait inutiles.





Extrait d’un ancien livre chinois, qui enseigne la manière d’élever et de nourrir les vers à soie, pour l’avoir et meilleure, et plus abondante.


L’auteur chinois commence d’abord à traiter de quelle manière on doit cultiver les mûriers, dont les feuilles servent de nourriture aux vers à soie, parce que ces insectes, dit-il, de même que les autres animaux, ne sont capables d’un travail utile, qu’autant que les aliments qu’on leur donne, sont proportionnés à leurs organes et à leurs fonctions. Il distingue deux sortes de mûriers, les uns qui sont véritables, et qui se nomment sang, ou ti sang : mais il ne faut pas s’imaginer qu’ils donnent de grosses mûres, comme en Europe : on n’a besoin que de leurs feuilles, et c’est en vue de faire pousser les feuilles en quantité, qu’on s’applique à la culture de ces arbres.

Il y a d’autres mûriers sauvages qu’on nomme tche, ou ye sang. Ce sont de petits arbres qui n’ont ni la feuille, ni le fruit du mûrier. Leurs feuilles sont petites, âpres au toucher, et de figure ronde, qui se termine en pointe. Elles ont dans le contour des portions de cercle rentrant. Le fruit du tche ressemble au poivre, il en sort un au pied de chaque feuille. Les branches épineuses et épaisses viennent naturellement en forme de buisson. Ces arbres veulent être sur des coteaux, et y former une espèce de forêts.

Il y a des vers à soie, qui ne sont pas plus tôt éclos dans la maison, qu’on les porte sur ces arbres, où ils se nourrissent, et font leurs coques. Ces vers campagnards et moins délicats, deviennent plus gros et plus longs que les vers domestiques ; et quoique leur travail n’égale pas celui de ces derniers, il a pourtant son prix et son utilité, comme on le peut juger de ce que j’ai dit de l’étoffe nommée kien tcheou. C’est de la soie produite par ces vers,