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de petits points de l’azur sec qu’il est nécessaire pour représenter la figure, puis ils donnent le vernis quand la porcelaine est cuite, les figures paraissent peintes en miniature.

Il n’y a point tant de travail qu’on pourrait se l’imaginer aux porcelaines, sur lesquelles on voit en bosse des fleurs, des dragons, et de semblables figures : on les trace d’abord avec le burin sur le corps du vase, ensuite on fait aux environs de légères entaillures qui leur donnent du relief, après quoi on donne le vernis.

Il y a une espèce de porcelaine qui se fait de la manière suivante : on lui donne le vernis ordinaire, on la fait cuire, ensuite on la peint de diverses couleurs et on la cuit de nouveau. C’est quelquefois à dessein qu’on réserve la peinture après la première cuisson : quelquefois aussi on n’a recours à cette seconde cuisson, que pour cacher les défauts de la porcelaine, en appliquant des couleurs dans les endroits défectueux. Cette porcelaine qui est chargée des couleurs, ne laisse pas d’être au goût de bien des gens. Il arrive d’ordinaire qu’on sent des inégalités sur ces sortes de porcelaine, soit que cela vienne du peu d’habileté de l’ouvrier, soit que cela ait été nécessaire pour suppléer aux ombres de la peinture ou bien qu’on ait voulu couvrir les défauts du corps de la porcelaine. Quand la peinture est sèche aussi bien que la dorure, s’il y en a, on fait des piles de ces porcelaines, et mettant les petites dans les grandes, on les range dans le fourneau.

Ces sortes de fourneaux peuvent être de fer, quand ils sont petits ; mais d’ordinaire ils sont de terre. Celui que j’ai vu, était de la hauteur d’un homme, et presque aussi large que nos plus grands tonneaux de vin : il était fait de plusieurs pièces, de la matière même dont on fait les caisses de la porcelaine : c’était de grands quartiers, épais d’un travers de doigt, hauts d’un pied, et longs d’un pied et demi. Avant que de les cuire, on leur avait donné une figure propre à s’arrondir : ils étaient placés les uns sur les autres, et bien cimentés : le fond du fourneau était élevé de terre d’un demi pied ; il était placé sur deux ou trois rangs de briques épaisses, mais peu larges ; autour du fourneau était une enceinte de briques bien maçonnée, laquelle avait en bas trois ou quatre soupiraux, qui sont comme les soufflets du foyer.

Cette enceinte laissait jusqu’au fourneau un vide d’un demi pied, excepté en trois ou quatre endroits qui étaient remplis, et qui faisaient comme les éperons du fourneau. Je crois qu’on élève en même temps et le fourneau, et l’enceinte, sans quoi le fourneau ne saurait se soutenir. On emplit le fourneau de la porcelaine qu’on veut cuire une seconde fois, en mettant en pile les petites pièces dans les grandes, ainsi que je l’ai dit. Sur quoi il faut remarquer qu’on doit prendre garde, que les pièces de porcelaine ne se touchent les unes les autres par les endroits qui sont peints ; car ce serait autant de pièces perdues. On peut bien appuyer le bas d’une tasse sur le fond d’une autre, quoiqu’il soit peint, parce que les bords du fond de la tasse emboîtée n’ont point de peinture : mais il ne faut pas que le côté d’une tasse touche le côté de l’autre. Ainsi quand on a des porcelaines