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ardents : il y en a d’entièrement rouges, et parmi celles-là, les unes sont d’un rouge à l’huile, yeou li hong ; les autres sont d’un rouge soufflé, tcheoui hong, et sont semées de petits points, à peu près comme nos miniatures. Quand ces deux sortes d’ouvrages réussissent dans leur perfection, c’est ce qui est assez difficile, ils sont infiniment estimés et extrêmement chers.

Enfin il y a des porcelaines où les paysages qui y sont peints, se forment du mélange de presque toutes les couleurs, relevées par l’éclat de la dorure. Elles sont fort belles, si l’on y fait de la dépense : mais autrement la porcelaine ordinaire de cette espèce, n’est pas comparable à celle qui est peinte avec le seul azur. Les annales de King te tching disent qu’anciennement le peuple ne se servait que de porcelaine blanche : c’est apparemment parce qu’on n’avait pas trouvé aux environs de Iao tcheou, un azur moins précieux, que celui qu’on emploie pour la belle porcelaine, lequel vient de loin, et se vend assez cher.

On raconte qu’un marchand de porcelaine, ayant fait naufrage sur une côte déserte, y trouva beaucoup plus de richesses qu’il n’en avait perdu. Comme il errait sur la côte, tandis que l’équipage se faisait un petit bâtiment des débris du vaisseau, il aperçût que les pierres propres à faire le plus bel azur y étaient très communes : il en apporta avec lui une grosse charge, et jamais, dit-on, on ne vit à King te tching de si bel azur. Ce fut vainement que le marchand chinois s’efforça dans la suite de retrouver cette côte, où le hasard l’avait conduit.


De l'azur.

Telle est la manière dont l’azur se prépare : on l’ensevelit dans le gravier, qui est de la hauteur d’un demi pied dans le fourneau : il s’y rôtit durant 24 heures, ensuite on le réduit en une poudre impalpable, ainsi que les autres couleurs, non sur le marbre, mais dans de grands mortiers de porcelaine, dont le fond est sans vernis, de même que la tête du pilon qui sert à broyer.

Sur quoi il y a quelques observations à faire : 1° Avant que de l’ensevelir dans le gravier du fourneau où il doit être rôti, il faut le bien laver, afin d’en retirer la terre qui y est attachée. 2° Il faut l’enfermer dans une caisse à porcelaine bien lutée. 3° Lorsqu’il est rôti, on le brise, on le passe par le tamis, on le met dans un vase vernissé, on y répand de l’eau bouillante après l’avoir un peu agité, on en ôte l’écume qui surnage, ensuite on verse l’eau par inclination. Cette préparation de l’azur avec de l’eau bouillante, doit se renouveler jusqu’à deux fois. Après quoi on prend l’azur ainsi humide, et réduit en une espèce de pâte fort déliée, pour le jeter dans un mortier, où on le broie pendant un temps considérable.

On m’a assuré que l’azur se trouvait dans les minières de charbons de pierre, ou dans des terres rouges voisines de ces minières. Il en paraît sur la superficie de la terre, et c’est un indice assez certain, qu’en creusant un peu avant dans un même lieu, on en trouvera infailliblement. Il se présente dans la mine par petites pièces, grosses à peu près comme le gros doigt de la main, mais plates, et non pas rondes. L’azur grossier est assez commun, mais le fin est très rare, et il n’est pas aisé de