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le premier homme du limon, et des mains duquel nous sortons, pour devenir des vases de gloire, ou d’ignominie.

Les grandes pièces de porcelaine se font à deux fois : une moitié est élevée sur la roue, par trois ou quatre hommes, qui la soutiennent chacun de son côté, pour lui donner sa figure : l’autre moitié étant presque sèche s’y applique : on l’y unit avec la matière même de la porcelaine délayée dans l’eau, qui sert comme de mortier ou de colle. Quand ces pièces ainsi collées sont tout à fait sèches, on polit avec le couteau en dedans, et en dehors, l’endroit de la réunion, qui par le moyen du vernis, dont on le couvre, s’égale avec tout le reste. C’est ainsi qu’on applique aux vases, des anses, des oreilles, et d’autres pièces rapportées.

Ceci regarde principalement la porcelaine qu’on forme sur les moules, ou entre les mains, telles que sont les pièces cannelées, ou celles qui sont d’une figure bizarre, comme les animaux, les grotesques, les idoles, les bustes que les Européens ordonnent, et d’autres semblables. Ces sortes d’ouvrages moulés se font en trois ou quatre pièces, qu’on ajoute les unes aux autres, et que l’on perfectionne ensuite avec des instruments propres à creuser, à polir, et à rechercher différents traits qui échappent au moule.


Des ornements de la porcelaine.

Pour ce qui est des fleurs, et des autres ornements qui ne sont point en relief, mais qui sont comme gravés, on les applique sur la porcelaine avec des cachets et des moules : on y applique aussi des reliefs tout préparés, de la même manière à peu près qu’on applique des galons d’or sur un habit.

Voici ce que j’ai vu depuis peu touchant ces sortes de moules. Quand on a le modèle de la porcelaine qu’on désire, et qui ne peut s’imiter sur la roue entre les mains du potier, on applique sur ce modèle de la terre propre pour les moules : cette terre s’y imprime, et le moule se fait de plusieurs pièces, dont chacune est d’un assez gros volume : on le laisse durcir quand la figure y est imprimée.

Lorsqu’on veut s’en servir, on l’approche du feu pendant quelque temps, après quoi on le remplit de la matière de porcelaine, à proportion de l’épaisseur qu’on veut lui donner : on presse avec la main dans tous les endroits, puis on présente un moment le moule au feu. Aussitôt la figure empreinte se détache du moule par l’action du feu, laquelle consume un peu de l’humidité qui collait cette matière au moule.

Les différentes pièces d’un tout tirées séparément, se réunissent ensuite avec de la matière de porcelaine un peu liquide. J’ai vu faire ainsi des figures d’animaux qui étaient toutes massives : on avait laissé durcir cette masse, et on lui avait donné ensuite la figure qu’on se proposait, après quoi on la perfectionnait avec le ciseau, où l’on y ajoutait des parties travaillées séparément. Ces sortes d’ouvrages se font avec grand soin, tout y est recherché.

Quand l’ouvrage est fini, on lui donne le vernis, et on le cuit : on le peint ensuite, si l’on veut, de diverses couleurs, et on y applique l’or, puis on le cuit une seconde fois. Des pièces de porcelaine ainsi travaillées