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de particulier, qu’avant que de le préparer comme le hoa ché, il faut le rôtir dans le foyer ; après quoi on le brise, et on lui donne les mêmes façons qu’au hoa ché : on le jette dans un vase plein d’eau ; on l’y agite, on ramasse à diverses reprises la crème qui surnage, et quand tout cela est fait, on trouve une masse pure, qu’on emploie de même que le hoa ché purifié.

Le che kao ne saurait servir à former le corps de la porcelaine ; on n’a trouvé jusqu’ici que le hoa ché qui pût tenir la place du kao lin, et donner de la solidité à la porcelaine. Si, à ce qu’on m’a dit, l’on mettait plus de deux parts de pe tun tse sur huit parts de hoa ché, la porcelaine s’affaisserait en la cuisant, parce qu’elle manquerait de fermeté, ou plutôt que ses parties ne seraient pas suffisamment liées ensemble.


Espèce de vernis qui lui donne la blancheur.

Outre les barques chargées de pe tun tse, et de kao lin, dont le rivage de King te tching est bordé, on en trouve d’autres remplies d’une substance blanchâtre et liquide. Je savais depuis longtemps que cette substance était l’huile, qui donne à la porcelaine sa blancheur et son éclat ; mais j’en ignorais la composition que j’ai enfin apprise. Il semble que le nom chinois yeou, qui se donne aux différentes sortes d’huile, convient moins à la liqueur dont je parle, que celui de tsi, qui signifie vernis, et je crois que c’est ainsi qu’on l’appellerait en Europe. Cette huile, ou ce vernis se tire de la pierre la plus dure, ce qui n’est pas surprenant, puisqu’on prétend que les pierres se forment principalement des sels et des huiles de la terre, qui se mêlent, et qui s’unissent étroitement ensemble.

Quoique l’espèce de pierre, dont se font les pe tun tse puisse être employée indifféremment pour en tirer de l’huile y on fait choix pourtant de celle qui est la plus blanche, et dont les taches sont les plus vertes. L’histoire de Feou Leang, bien qu’elle ne descende pas dans le détail, dit que la bonne pierre pour l’huile, est celle qui a des taches semblables à la couleur de feuilles de cyprès pe chu ye pan, ou qui a des marques rousses sur un fond un peu brun, à peu près comme le linaire, iu tchi ma tang.

Il faut d’abord bien laver cette pierre, après quoi on y apporte les mêmes préparations, que pour le pe tun tse : quand on a dans la seconde urne, ce qui a été tiré de plus pur de la première, après toutes les façons ordinaires, sur cent livres ou environ de cette crème, on jette une livre de che kao qu’on a fait rougir au feu, et qu’on a pilé. C’est comme la présure qui lui donne de la consistance, quoiqu’on ait soin de l’entretenir toujours liquide.

Cette huile de pierre ne s’emploie jamais seule ; on y en mêle une autre qui en est comme l’âme ; en voici la composition : on prend de gros quartiers de chaux vive, sur lesquels on jette avec la main un peu d’eau pour les dissoudre, et les réduire en poudre. Ensuite on fait une couche de fougère sèche, sur laquelle on met une autre couche de chaux amortie. On en met ainsi plusieurs alternativement les unes sur les autres, après quoi l’on met le feu à la fougère. Lorsque tout est consumé, l’on partage ces cendres sur de nouvelles couches de fougères sèches : cela se fait cinq ou six fois de suite : on peut le faire plus souvent, et l’huile en est meilleure.