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On peut encore acheter à la Chine d’excellentes drogues, différentes sortes de thé, de l’or filé, du musc, des pierres précieuses, des perles, du vif argent, etc. Mais le plus grand commerce qu’y fassent les Européens, consiste principalement dans les ouvrages de vernis, dans la porcelaine, et dans toutes sortes d’étoffes de soie. C’est sur quoi aussi je vais m’étendre un peu plus au long.





Du vernis de la Chine.


Il s’en faut bien que les ouvrages de vernis qui se font à Canton, soient aussi beaux, et d’un aussi bon usage que ceux qu’on travaille au Japon, au Tong king, et à Nan king capitale de la province de Kiang nan : ce n’est pas que les ouvriers n’y emploient le même vernis et la même dorure, mais c’est qu’ils travaillent ces sortes d’ouvrages avec trop de précipitation, et que dès là qu’ils plaisent à l’œil des Européens, ils s’en contentent.

Un ouvrage d’un bon vernis doit être fait à loisir, et un été suffit à peine pour lui donner sa perfection. Il est rare que les Chinois en tiennent de prêts et qui soient faits de longue main : ils attendent presque toujours l’arrivée des vaisseaux pour y travailler, et pour se conformer au goût des Européens.

Ce vernis qui donne un si beau lustre aux ouvrages et qui les fait si fort rechercher en Europe, n’est point une composition, ni un secret particulier, comme quelques-uns se le sont imaginé. Pour les détromper, il suffit de faire connaître d’où les Chinois tirent leur vernis, et ensuite la manière dont les ouvriers l’appliquent.

Le vernis que les Chinois nomment tsi, est une gomme roussâtre qui découle de certains arbres, par des incisions qu’on fait à l’écorce jusqu’au bois, sans cependant l’entamer. Ces arbres se trouvent dans les provinces de Kiang si, et de Se tchuen. Ceux du territoire de Kan tcheou, ville des plus méridionales de la province de Kiang si, donnent le vernis le plus estimé.

Pour tirer du vernis de ces arbres, il faut attendre qu’ils aient sept ou huit ans. Celui qu’on en tirerait avant ce temps-là, ne serait pas d’un bon usage. Le tronc des arbres les plus jeunes, dont on commence à tirer le vernis, ont un pied chinois de circuit ; et ce pied chinois est beaucoup plus grand que le pied de roi ne l’est en France. On dit que le vernis qui découle de ces arbres, vaut mieux que celui qui coule des arbres plus vieux, mais qu’ils en donnent beaucoup moins : On ne sait pas sur quel fondement cela se dit, car dans la pratique les marchands ne font point de difficulté de mêler l’un et l’autre ensemble.

Ces arbres dont la feuille de l’écorce ressemblent assez à la feuille et à l’écorce du frêne n’ont jamais guère plus de quinze pieds de hauteur : la