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les boutons qu’ils attachent à leurs bonnets, et des espèces de chapelets qu’ils portent au col. 6° De l’ambre jaune en masse qu’ils ont à grand marché. Enfin des draperies d’Europe, qu’ils ont de même à bon compte, et qu’ils vendent au Japon.

C’est là le plus grand commerce que les Chinois fassent hors de chez eux. Ils vont encore, mais plus rarement, à Achen, à Malaque, à Ihor, à Patane, à Ligor, qui dépend du royaume de Siam, à la Cochinchine, etc. le commerce qu’ils font à Ligor est le plus aisé et le plus lucratif. Ils ne tireraient pas même les frais de leur voyage lorsqu’ils vont à Achen, s’ils manquaient de s’y rendre dans les mois de Novembre, et de décembre, qui est le temps où les bâtiments de Surate, et de Bengale sont à la côte.

Ils ne rapportent guère de ces pays-là que des épiceries, comme du poivre, de la canelle, etc. des nids d’oiseaux qui font les délices des repas chinois, du riz, du camphre, du rotin, (c’est une espèce de cannes fort longues qu’on tresse ensemble comme de petites cordes,) des torches faites de certaines feuilles d’arbres qui brûlent comme de la poix résine, et qui servent de flambeaux, quand on marche pendant la nuit ; de l’or, de l’étain, etc.


Du commerce que les Européens font à la Chine.

Il ne reste plus à parler que du commerce que les Européens vont faire chez les Chinois. Il n’y a guère que le port de Canton qui leur soit ouvert maintenant en certains temps de l’année ; non pas que les vaisseaux européens viennent jusqu’à Canton même, car ils jettent l’ancre dans la rivière, environ quatre lieues au dessous, en un lieu qu’on nomme Hoang pou. La rivière paraît comme une grande forêt, par la multitude des vaisseaux qui s’y trouvent. On y portait autrefois des draps, des cristaux, des sabres, des horloges, des montres sonnantes, des pendules à répétition, des lunettes d’approche, des miroirs, des glaces, etc. mais depuis que les Anglais y vont régulièrement chaque année, toutes ces marchandises y sont à aussi bon marché qu’en Europe : le corail même ne peut plus guère s’y vendre qu’avec perte.

Ainsi à parler en général, ce n’est plus qu’avec de l’argent qu’on peut trafiquer utilement à la Chine. On trouve un gain considérable à acheter de l’or qui y est marchandise. L’or qui se vend à Canton, se tire en partie des provinces de la Chine et en partie des pays étrangers comme d’Achen, de la Cochinchine, du Japon, etc. Les Chinois de Canton refondent tout l’or qu’ils reçoivent d’ailleurs, hormis celui de la Cochinchine, qui d’ordinaire est le plus beau et le plus pur qu’on voie, lorsque c’est du roi de ces pays-là qu’on l’achète : car le peuple en vend sous main, qui n’est pas si pur, et qu’on a soin de raffiner à Canton.

Les Chinois divisent leur or par degrés, comme on fait en Europe : celui qui se débite ordinairement est depuis 90 carats jusqu’à 100. Il est plus ou moins cher selon le temps où on l’acheté. On l’a à bien meilleur compte dans les mois de mars, d’avril et de mai : Il devient beaucoup plus cher depuis le mois de juillet, jusqu’au mois de décembre et de janvier, parce que c’est la saison où les vaisseaux sont en grand nombre dans le port ou à la rade de Canton.