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7° De l’or qui est très pur, et un certain métal appelle tombac, sur lequel ils gagnent 50 ou 60 pour cent à Batavia. Si l’on pouvait compter sur la fidélité des Chinois, il serait aisé aux Européens d’avoir commerce par leur moyen avec le Japon : mais cela est comme impossible, à moins qu’on ne les accompagne, qu’on ne soit maître de ses effets, et qu’on n’ait la force en main, pour prévenir leurs insultes.

II. Les Chinois font aussi commerce à Manille mais il n’y a guère que les marchands d’Emouy qui s’en mêlent. Ils portent quantité de soie, de satins rayés et à fleurs de différentes sortes de couleurs, des broderies, des tapis, des coussins, des robes de chambre, des bas de soie, du thé, des porcelaines, des ouvrages de vernis, des drogues, etc. où ils gagnent d’ordinaire cinquante pour cent. Ils n’en rapportent que des piastres.

III. Le commerce que les Chinois font le plus régulièrement, c’est à Batavia : ils le trouvent et plus aisé et plus lucratif. Il n’y a point d’année qu’il ne parte pour cette ville des vaisseaux de Canton, d’Emouy, et de Ning po. C’est vers la onzième lune, c’est-à-dire, au mois de décembre, qu’ils se mettent en mer. Les marchandises dont ils se chargent, sont :

1° Une espèce de thé vert, qui est très fin et de bonne odeur : le thé qu’on appelle Song lo, et le thé boui ne sont pas si fort recherchés des Hollandais.

2° Des porcelaines qui s’y vendent à aussi bon marché qu’à Canton.

3° De l’or en feuille, et du fil d’or qui n’est que du papier doré. Il y en a qui ne s’achète pas au poids, mais par petits écheveaux, et celui-ci est cher, parce qu’il est couvert du plus bel or : celui que les Chinois portent à Batavie, ne se vend qu’au poids ; il est par paquets avec de grandes queues de soie rouge, qu’ils mettent exprès pour rehausser la couleur de l’or, et pour rendre les paquets plus pesants. Les Hollandais n’en font pas usage, mais ils le portent sur les terres des Malais, où ils font un gain considérable.

4° De la totenaque[1] qui produit aux marchands cent, et quelquefois cent cinquante, pour cent.

5° Des drogues, et surtout de la rhubarbe.

6° Quantité d’ustensiles de cuivre jaune, comme bassins, chaudières, réchauds, etc.

Ils emportent de Batavie, 1° De l’argent en piastres ; 2° Des épiceries, et en particulier du poivre, des clous de girofle, des noix muscades, etc. 3° des écailles de tortue, dont les Chinois font de très jolis ouvrages, entre autres des peignes, des boîtes, des tasses, des manches de couteaux, des pipes, et des tabatières prises sur le modèle de celles d’Europe, et qu’ils ne vendent que dix sols. 4° Du bois de sandal, du bois rouge et noir, propre à être mis en œuvre ; d’autre bois rouge, dont on se sert pour les teintures, et qu’on appelle communément bois de Brésil. 5° Des pierres d’agate taillées, dont les Chinois font les ornements de leur ceinture,

  1. C’est un métal qui tient de la nature du fer et de l’étain