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la navigation, ils ne l’ont pas plus perfectionnée que leurs autres sciences.

Leurs vaisseaux qu’ils nomment tchouen, d’un nom commun aux bateaux et aux barques, sont appelés soma ou sommes par les Portugais, sans qu’on sache la raison qui les a portés à les nommer de la sorte. Ces vaisseaux ne peuvent pas se comparer aux nôtres ; les plus gros ne sont que de 250 à 300 tonneaux de port ; ce ne sont, à proprement parler, que des barques plates à deux mâts : ils n’ont guère que 80 à 90 pieds de longueur. La proue coupée et sans éperon, est relevée en haut de deux espèces d’ailerons en forme de corne, qui font une figure assez bizarre ; la poupe est ouverte en dehors par le milieu, afin que le gouvernail y soit à couvert des coups de mer. Ce gouvernail qui est large de 5 à 6 pieds, peut aisément s’élever et s’abaisser par le moyen d’un câble qui le soutient sur la poupe.

Ces vaisseaux n’ont ni artimon, ni beaupré, ni mâts de hune. Toute leur mâture consiste dans le grand mât et le mât de misaine, auxquels ils ajoutent quelquefois un fort petit mât de perroquet, qui n’est pas d’un grand secours. Le grand mât est placé assez près du mât de misaine, qui est fort sur l’avant. La proportion de l’un à l’autre est communément comme 2 à 3, et celle du grand mât au vaisseau ne va jamais au-dessous, étant ordinairement plus des deux tiers de toute la longueur du vaisseau.

Leurs voiles sont faites de nattes de bambou, ou d’une espèce de cannes communes à la Chine, lesquelles se divisent par feuilles en forme de tablettes, arrêtées dans chaque jointure par des perches qui sont aussi de bambou. En haut et en bas sont deux pièces de bois : celle d’en haut sert de vergue ; celle d’en bas faite en forme de planche et large d’un pied et davantage, sur 5 à 6 pouces d’épaisseur, retient la voile lorsqu’on veut la hisser, ou qu’on veut la ramasser.

Ces sortes de bâtiments ne sont nullement bons voiliers : ils tiennent cependant beaucoup mieux le vent que les nôtres, ce qui vient de la roideur de leurs voiles qui ne cèdent point au vent ; mais aussi comme la construction n’en est pas avantageuse, ils perdent à la dérive l’avantage qu’ils ont sur nous en ce point.

Ils ne calfatent point leurs vaisseaux avec du goudron, comme on fait en Europe. Leur calfat est fait d’une espèce de gomme particulière, et il est si bon, qu’un seul puits ou deux à fond de cale du vaisseau, suffit pour le tenir sec. Jusqu’ici ils n’ont eu aucune connaissance de la pompe.

Leurs ancres ne sont point de fer comme les nôtres : elles sont d’un bois dur et pesant, qu’ils appellent pour cela tie mou c’est-à-dire, bois de fer. Ils prétendent que ces ancres valent beaucoup mieux que celles de fer, parce que, disent-ils, celles-ci sont sujettes à se fausser, ce qui n’arrive pas à celles de bois qu’ils emploient. Cependant pour l’ordinaire elles sont armées de fer aux deux extrémités.


De la manoeuvre de leurs vaisseaux.

Les Chinois n’ont sur leur bord ni pilote, ni maître de manœuvre, ce