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De l’arbre Tse song, qui tient du genévrier.

Il y a une autre espèce d’arbre assez singulier, qui tient du genièvre, et du cyprès, et que les Chinois nomment pour cette raison tse song, qui veut dire genièvre, et yuen pe, qui signifie cyprès. Le tronc qui a environ un pied de demi de circuit, pousse presque dès le bas des branches de tous côtés, qui se partagent en une infinité d’autres, lesquelles s’éloignant assez du tronc, forment comme un buisson vert, épais, et touffu ; car cet arbre est couvert d’une multitude de feuilles semblables, partie à celles de cyprès, et partie à celle de genièvre : c’est-à-dire, que ces dernières sont longues, étroites, et piquantes, ayant cela de particulier, qu’elles sont disposées le long des rameaux par files, qui tantôt sont au nombre de quatre ou de cinq, et tantôt au nombre de six : ce qui fait que regardant ces rameaux par l’extrémité, on voit comme des étoiles de quatre, de cinq, et de six rayons, chacune de celles du premier rang, couvrant exactement celles qui leur répondent en dessous, de sorte que les intervalles paraissent vides, et fort distincts jusqu’au bas. Les rameaux ou scions qui sont couverts de ces feuilles longues, se trouvent principalement en dessous, et au bas des branches, tout le haut et le dessus n’étant que cyprès.

Au reste la nature a tellement pris plaisir à se jouer dans le mélange de ces deux sortes de feuilles, qu’il se trouve des branches entières qui ne tiennent que du cyprès, et celles-ci sont plus grandes et en plus grand nombre ; d’autres qui sont purement genièvre ; quelques-unes moitié l’un, moitié l’autre ; et quelques autres enfin, où il ne se trouve que quelques feuilles de cyprès entées à l’extrémité d’un rameau de genièvre, ou quelque petit rameau de genièvre, qui sort de l’aisselle d’une branche de cyprès.

L’écorce de cet arbre est un peu raboteuse, d’un gris brun, tirant sur le rouge en certains endroits : le bois est d’un blanc rougeâtre, semblable à celui de genièvre, ayant quelque chose de résineux ; les feuilles outre l’odeur du cyprès, ont je ne sais quoi d’aromatique : elles sont d’un goût fort amer mêlé de quelque âcreté.

Cet arbre porte de petits fruits verts, ronds, et un peu plus gros que les grains de genièvre : le parenchyme est d’un vert olivâtre, et d’une odeur forte : le fruit est attaché aux branches par des pédicules longs et de même nature que les feuilles : il contient deux grains roussâtres en forme de petits cœurs, et durs comme les grains de raisin.

Il y a de ces arbres dont le tronc est haut et grêle, n’ayant de branches qu’à leur sommet, et se terminant presque en pointe comme les cyprès. Il y en a d’autres qui sont nains, et qui ne croissent jamais plus hauts que sept à huit pieds : leur tronc et leurs branches tortues et frisées font juger que les Chinois les empêchent de croître en les tondant. Quand cet arbre est jeune, il a toutes les feuilles longues comme le genièvre ; quand il est vieux, il les a comme le cyprès.


Du Gin seng, excellent cordial.

Je serais infini si je voulais décrire tant d’autres arbres ou arbrisseaux singuliers qu’on trouve à la Chine ; il n’est pas possible néanmoins de ne rien