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cerises, est rond et un peu oblong, de la couleur et de la figure des cerises, quand elles sont vertes : le pédicule auquel ce fruit est attaché, est extrêmement long, et partagé en différents rameaux, au bout de chacun desquels est un de ces petits fruits ; la peau de ce fruit est parsemée en quelques endroits de petits points roux : elle est assez dure, et renferme une substance ou parenchyme verdâtre, qui se met en bouillie, quand il est mûr. On s’en sert en hiver pour se frotter les mains et les préserver des engelures.

Ce fruit a un noyau fort dur, aussi bien que nos cerises, mais rond et un peu oblong, et cannelé ; il y a cinq, six, ou sept cannelures à chacun de ces noyaux. Ce noyau reçoit sa nourriture par une ouverture ronde et assez large, laquelle va se rétrécissant en cône posé obliquement à côté de l’amande qu’il renferme, et qui a son issue à l’autre extrémité du noyau. Cette amande est petite, recouverte d’une tunique noirâtre, et moins dure que celle qui renferme les pépins de nos pommes. Du tronc de cet arbre on fait des planches pour les usages ordinaires.

Si les Chinois se plaisaient, comme on fait en Europe, à orner des jardins, et à dresser de belles allées, ils pourraient en cultivant les fleurs que la terre porte, et employant certains arbres qui leur sont particuliers, se faire des promenades très agréables : mais comme il leur paraît que rien n’est plus risible, que d’aller et de venir, sans autre dessein que de se promener, ils apportent peu de soin à profiter des avantages que la nature leur donne.


De l'arbre Molien.

Parmi les arbres dont je parle, il y en a un qu’ils appellent molien, qui est gros comme le bas de la jambe. Ses branches sont rares, déliées, remplies de moelle, et couvertes d’une peau rousse, marquetée de petits points blanchâtres, comme nos coudriers. Elles sont peu chargées de feuilles ; mais en récompense les feuilles sont fort grandes, plus larges par le haut que par le milieu et par le bas, peu épaisses et assez sèches. Leurs côtes et les maîtresses fibres qui en partent, sont couvertes d’un petit duvet blanchâtre : elles sont attachées par des pédicules qui s’élargissent par le bas d’une telle manière, qu’on dirait qu’ils embrassent la branche, et que la branche en sort comme d’un petit tube, faisant un coude en cet endroit.

De l’aisselle des pédicules il sort de petits boutons de figure ovale, et couverts de duvets, qui s’ouvrant au mois de décembre ou au cœur de l’hiver, forment des fleurs grandes à peu près comme celles des martagons, composées de sept ou huit feuilles de figure ovale, oblongues et pointues par les extrémités remplies de longs filets. Il y a de ces arbres qui ont la fleur jaune, d’autres l’ont rouge, et d’autres l’ont blanche. Les feuilles tombent en même temps, et souvent aussi avant que les fleurs s’ouvrent.


De l'arbre La moë.

Un autre arbre qu’on nomme la moë, a quelque rapport à notre laurier pour sa grandeur, sa figure, et le contour de ses branches qui sont néanmoins plus évasées, et garnies de feuilles opposées et attachées deux à