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et ont de chaque côté de fort grands faubourgs. Les capitales de chaque province sont très grandes, et mériteraient d’être le siège de l’empire.


Fabrique de porcelaine.

Outre ces villes, il y a quantité de places de guerre, une infinité de forts, de châteaux, de bourgs, et de villages. On voit de ces bourgs, surtout ceux qu’on appelle tching, qui vont de pair avec les villes pour leur grandeur, le nombre des habitants, et le grand commerce qui s’y fait : on ne les appelle que bourgs, parce qu’ils ne sont ni entourés de murailles, ni gouvernés par des magistrats particuliers, mais par ceux des villes voisines : tel est, par exemple, Kin te ching, où se travaille la belle porcelaine, et qui est de la dépendance d’une ville, laquelle est dans le district de Iao tcheou ; Fo chan qui dépend de Canton, dont il n’est éloigné que de quatre lieues, etc.


Situation des villes de la Chine. Leur aspect

La plupart des villes de la Chine se ressemblent : ce sont autant de carrés oblongs, formés par quatre longs pans de murailles tirés au cordeau, et unis à angles droits. Il ne faut pas croire néanmoins que toutes soient de forme carrée, ceux qui l’ont assuré, ont fait la règle trop générale. Il est vrai qu’ils observent cette règle le plus qu’ils peuvent, et alors les murailles regardent les quatre points cardinaux ou peu s’en faut : il en est de même de leurs maisons, qui de quelque manière que les rues soient disposées, doivent toujours regarder le sud, qui est l’aspect favorable de ce pays, la partie opposée n’étant pas tenable contre les vents de nord. C’est par cette raison que pour l’ordinaire, la porte par où l’on entre, est de biais dans un des côtés de la cour.

Les murailles qui forment l’enceinte de la plupart des villes sont larges et hautes, bâties de briques ou de pierres carrées. Derrière est un rempart de terre, et tout autour un large fossé, avec des tours hautes et carrées à une certaine distance les unes des autres. Chaque porte est double et doubles battants ; entre ces portes est une place d’armes pour l’exercice des soldats ; quand on entre par la première, on ne voit pas la seconde, parce qu’elle est de côté ; au-dessus des portes, il y a de belles tours : ce sont comme de petits arsenaux, et le corps de garde des soldats. Hors des portes sont souvent de grands faubourgs qui renferment presque autant d’habitants que la ville.

On voit dans les endroits les plus fréquentés de chaque ville une ou même plusieurs tours, dont la hauteur et l’architecture sont très belles. Ces tours sont de neuf étages, ou du moins de sept. Communément les rues principales sont droites, mais souvent assez étroites : en quoi elles sont bien différentes des rues de la ville impériale. Ses rues, surtout les grandes, sont également longues et larges, et les plus commodes qui soient peut-être dans aucune ville du monde, surtout pour la cavalerie et les chariots. Tous les édifices, à la réserve des tours et de quelques bâtiments à divers étages qui s’élèvent fort haut au-dessus des toits des maisons, sont extrêmement bas, et tellement couverts des murailles de la ville, que sans un grand nombre de tours carrées, qui