Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/199

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les voisins le jour des noces. Elle ne fut pas longtemps sans trouver un mari qui la demanda au mandarin, et à qui elle fut accordée.


Des autres formes de punition.

Outre le châtiment de la cangue, il y a encore d’autres peines qu’on impose pour des fautes légères. Le même missionnaire entrant dans la seconde cour du même tribunal, y trouva des jeunes gens à genoux : les uns portaient sur la tête une pierre qui pesait bien sept à huit livres ; d’autres tenaient un livre à la main, et le lisaient avec application.

Parmi ceux-ci était un jeune homme marié, d’environ trente ans, qui aimait le jeu à l’excès : il y avait perdu une partie de l’argent que son père lui avait fourni pour son petit commerce : exhortations, réprimandes, menaces, rien n’avait pu le guérir de la passion du jeu. Son père qui voulait le corriger d’une inclination si pernicieuse à ses intérêts, le conduisit au tribunal du mandarin.

Le mandarin homme d’honneur et de probité, admit la plainte du père : il fit approcher le jeune homme, et après l’avoir réprimandé d’un ton sévère, et lui avoir fait une instruction pathétique sur la soumission et la docilité, il était sur le point de lui faire donner la bastonnade, lorsque sa mère entrant tout à coup, se jeta aux pieds du mandarin, et lui demanda les larmes aux yeux la grâce de son fils.

Le mandarin se laissa attendrir, et s’étant fait apporter un livre composé par l’empereur, pour l’instruction de l’empire, il l’ouvrit, et choisit l’article qui concernait l’obéissance filiale. « Vous me promettez, dit-il au jeune homme, de renoncer au jeu et de vous rendre docile aux volontés de votre père : je vous pardonne pour cette fois ; allez vous mettre à genoux dans la galerie à côté de la salle d’audience, apprenez par cœur cet article de l’obéissance filiale ; vous ne sortirez point du tribunal, que vous ne l’ayez récité, et que vous n’ayez promis de l’observer le reste de votre vie. » Cet ordre fut exécuté à la lettre : le jeune homme resta trois jours dans la galerie, apprit l’article, et fut congédié.

Il y a certains crimes pour lesquels on condamne les coupables à être marqués sur les deux joues, et la marque qu’on leur imprime, est un caractère chinois qui indique leur crime. Il y en a d’autres pour lesquels on condamne, ou au bannissement, ou à tirer des barques royales ; cette servitude ne dure guère plus de trois ans.

Pour ce qui est du bannissement, il est souvent perpétuel, surtout si c’est en Tartarie qu’on exile : mais avant le départ, on ne manque jamais de donner la bastonnade ; le nombre des coups est proportionné à la faute qui a mérité cette peine.


Des différentes manières d'exécuter à mort.

Ils ont trois manières différentes d’exécuter à mort, ceux dont les crimes ont mérité ce supplice.

La première qui est la plus douce, est de les étrangler, et c’est le supplice dont on punit les crimes moins griefs qui méritent la mort. C’est ainsi qu’on punit un homme, qui en se battant aurait tué son adversaire.