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que pour faire la guerre aux cerfs, aux sangliers, aux ours, aux tigres, et aux autres bêtes féroces.


Division de son armée.

Ce grand corps d’armée qui accompagnait l’empereur dans ses longs voyages, était divisé par compagnies, et marchait en ordre de bataille au bruit des tambours et des trompettes. Il y avait avant-garde, arrière-garde, corps de bataille, aile droite, et aile gauche, que commandaient autant de princes et de grands seigneurs. On conduisait pour ce grand nombre de personnes toutes les provisions et munitions nécessaires sur des chariots, sur des chevaux, sur des chameaux et des mulets. Il fallait camper toutes les nuits, car il n’y a dans la Tartarie occidentale ni villes, ni bourgs, ni villages. Les peuples n’ont pour maisons que des tentes dressées de tous côtés dans les campagnes, où ils font paître leurs bœufs, leurs chevaux, et leurs chameaux. Ils ne savent ce que c’est que de semer des grains, et de cultiver la terre ; ils se contentent de ce que la terre produit d’elle-même pour l’entretien de leurs troupeaux, ils transportent leurs tentes dans les divers endroits où les pâturages sont plus abondants et plus commodes, ne vivant que de lait, de fromages, et du gibier que la chasse leur fournit.

En tenant ainsi les troupes en haleine, et les Tartares dans l’obéissance, Cang hi ne relâchait rien de son application ordinaire aux affaires de l’État : ses conseils étaient réglés, il écoutait les ministres sous une tente comme dans son palais, et leur donnait ses ordres. Se faisant instruire de tout, gouvernant son empire par lui-même, il était l’âme qui donnait le mouvement à tous les membres d’un si grand corps ; aussi ne se reposa-t-il jamais du soin de l’État ni sur les colaos, ni sur aucun des Grands de sa cour, comme il ne souffrit jamais que les eunuques du palais, qui avaient tant de pouvoir sous les règnes précédents, eussent la moindre autorité.


Sa politique

Un autre trait de la politique fut de remplir les tribunaux, partie de Chinois, et partie de Tartares : ce sont comme autant d’inspecteurs les uns des autres, et par ce moyen, il y a moins à craindre qu’ils tentent quelque entreprise contre le bien commun des deux nations.

D’un autre côté, les Tartares furent obligés de s’appliquer de bonne heure à l’étude, afin de pouvoir entrer dans les charges, car ils ne sont promus aux derniers degrés, de même que les Chinois, qu’après avoir donné des preuves de leur capacité dans les lettres, selon l’ancien usage de l’empire.


Fait un traité de paix avec les Moscovites.

Depuis la paix que ce prince a conclu avec les Moscovites, par le moyen des plénipotentiaires qui se rendirent de part et d’autre à Nipchou, et qui convinrent des limites, on connaît au juste l’étendue de ce grand empire : depuis la pointe la plus méridionale de Hai nan, jusqu’à l’extrémité de la Tartarie soumise à l’empereur, on trouve que ses États ont plus de 900 lieues communes de France.


Yong tching monte sur le trône.

C’est ce florissant empire que Cang hi laissa vers la fin de l’année 1722 à son quatrième fils, qu’il nomma son successeur quelques heures avant sa mort. Ce prince montant sur le trône prit le titre d’Yong tching, qui signifie, paix ferme, concorde indissoluble. Il paraît avoir de l’esprit, il parle bien, mais quelquefois vite, et sans donner le temps de lui répondre. Il y en a qui