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ne font d’ordinaire qu’après un certain temps, la chaise même dans laquelle ils se font porter, est quelquefois couverte d’une toile blanche. Le tiao ou la cérémonie solennelle qu’on rend au défunt, dure ordinairement sept jours, à moins que quelque raison n’oblige à se contenter de trois jours.

Pendant qu’il est ouvert, tous les parents, et les amis qu’on a eu soin d’inviter, viennent rendre leurs devoirs au défunt ; les plus proches parents restent même dans la maison ; le cercueil est exposé dans la principale salle, qu’on a parée d’étoffes blanches, qui sont souvent entremêlées de pièces de soie noire et violette, et d’autres ornements de deuil ; on met une table devant le cercueil ; l’on place sur cette table, ou l’image du défunt, ou bien un cartouche où son nom est écrit, et qui est accompagné de chaque côté de fleurs, de parfums, et de bougies allumées.

Ceux qui viennent faire leurs compliments de condoléance, saluent le défunt à la manière du pays, c’est-à-dire, qu’ils se prosternent et frappent plusieurs fois la terre du front devant la table, sur laquelle ils mettent ensuite quelques bougies et quelques parfums, qu’ils apportent selon la coutume. Ceux qui étaient amis particuliers, accompagnent ces cérémonies de gémissements, et de pleurs, qui se font entendre quelquefois de fort loin.

Tandis qu’ils s’acquittent de ces devoirs, le fils aîné accompagné de ses frères, sort de derrière le rideau qui est à côté du cercueil, se traînant à terre avec un visage sur lequel est peinte la douleur, et fondant en larmes, dans un morne et profond silence : ils rendent les saluts avec la même cérémonie qu’on a pratiquée devant le cercueil. Le même rideau cache les femmes, qui poussent à diverses reprises les cris les plus lugubres.

Quand on a achevé la cérémonie, on se lève, et un parent éloigné du défunt, ou un ami étant en deuil, fait les honneurs ; et comme il a été vous recevoir à la porte, il vous conduit dans un autre appartement, où l’on vous présente du thé, et quelquefois des fruits secs, et d’autres semblables rafraîchissements, après quoi il vous accompagne jusqu’à votre chaise.

Ceux qui sont peu éloignés de la ville, y viennent exprès, pour rendre ces devoirs en personne ; ou si la distance des lieux ne leur permettait pas, ou qu’ils fussent indisposés, ils envoient un domestique avec un billet de visite, et leurs présents, pour faire leurs excuses. Les enfants du défunt, ou du moins le fils aîné, sont ensuite obligés de rendre la visite à tous ceux qui sont venus s’acquitter de ce devoir d’amitié ; mais on les exempte de la peine qu’ils auraient à voir tant de personnes ; il suffit qu’ils se présentent à la porte de chaque maison et qu’ils y fassent donner un billet de visite par un domestique.


Des obsèques.

Lorsqu’on a fixé le jour des obsèques, on en donne avis à tous les parents et amis du défunt, qui ne manquent pas de se rendre au jour marqué : la marche du convoi commence par ceux qui portent différentes statues de carton, lesquelles représentent des esclaves, des tigres, des lions, des