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père, ou au plus proche parent de celui qu’on veut marier ; et c’est avec le père, ou avec les parents de la fille qu’on convient du mariage, et qu’on passe le contrat car il n’y a point de dot pour les filles à la Chine, et la coutume est que les parents de l’époux futur conviennent avec les parents de l’épouse, d’une certaine somme qu’ils donneront pour arrêter le mariage, laquelle s’emploie à acheter les habits et autres ustensiles que la mariée emporte le jour de ses noces : c’est ce qui se pratique surtout parmi les personnes de basse condition, car pour ce qui est des Grands, des mandarins, des lettrés, et des personnes riches, ils dépensent beaucoup plus que ne valent les présents qu’ils ont reçu.

C’est par la même raison qu’un Chinois qui a peu de bien, va souvent à l’hôpital des enfants trouvés demander une fille, afin de l’élever, et de la donner pour épouse à son fils. Il y trouve trois avantages : il épargne l’argent qu’il lui faudrait fournir pour l’achat d’une femme ; elle est élevée comme la fille de la maison ; elle s’accoutume par là à avoir beaucoup de respect pour la belle-mère ; et il y a lieu de croire qu’une fille ainsi tirée de l’hôpital, sera plus soumise à son mari.

Il est rare qu’avant le temps des noces, il se passe rien contre la décence et l’honnêteté. La mère qui ne sort pas de la maison, a continuellement sa petite bru sous ses yeux ; outre que la pudeur qui règne à la Chine parmi les personnes du sexe, serait seule un rempart assuré contre un semblable désordre.

On dit que les riches qui n’ont point d’enfants, feignent quelquefois que leur femme est enceinte, puis ils vont la nuit, sans se faire connaître, chercher un enfant dans l’hôpital, qu’ils font passer pour leur propre fils. Ces enfants étant crus légitimes, lorsqu’ils étudient, se font examiner, et parviennent aux degrés de bachelier et de docteur ; c’est un droit qui ne s’accorderait pas aux enfants adoptifs tirés de l’hôpital.


L'adoption est commune chez les Chinois.

Il est à remarquer que dans la même vue de se procurer une postérité, les Chinois qui n’ont point d’enfants mâles, adoptent le fils de leur frère, ou de quelqu’un de leurs parents. Ils peuvent adopter aussi le fils d’un étranger, et ils donnent quelquefois de l’argent aux parents ; mais généralement parlant, ces adoptions sont fort recherchées, et on emploie souvent le crédit de ses amis, pour les obtenir, et les conclure.

L’enfant adopté entre dans tous les droits d’un véritable fils ; il prend le nom de celui qui l’a adopté ; il en porte le deuil après la mort, il devient son héritier, et s’il arrivait qu’après cette adoption, le père eut des enfants dont il fût véritablement le père, le fils qui ne l’est que par adoption, partagerait également l’héritage avec les autres enfants, à moins que le père ne fît quelque avantage à son propre fils.


Pluralité des femmes permise à la Chine.

C’est encore dans le dessein de ne pas manquer de postérité qu’il est permis, selon les lois, de prendre des concubines, outre la femme légitime. Le nom de concubine, ou plutôt de seconde femme, n’a rien d’infamant à la Chine, ces sortes de femmes étant subalternes, et subordonnées à la première.