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antérieure est le lieu où les conviés furent reçus à leur arrivée, le tsong tou prenant la peine d’aller au-devant des principaux jusqu’à l’escalier, pour leur faire honneur. Les premiers des conviés faisaient aussi quelques pas au-devant de ceux qui arrivaient. Ceux-ci pour répondre à leur civilité, après avoir salué en particulier le maître du festin, et en général toute la compagnie, allaient ensuite saluer de nouveau chacun en particulier à la tartare, et à la chinoise selon les différentes personnes, et en recevaient un pareil nombre de révérence, avec une extrême politesse.

Après toutes ces révérences, chacun prit la place dans des fauteuils rangés sur deux lignes, vis-à-vis les uns des autres en attendant que tous les conviés fussent arrivés : cependant on servit du thé tartare et chinois.

Parmi ceux qui assistèrent à ce festin, outre Tong lao ye qui me conduisait, dit le père Bouvet, et deux autres missionnaires qui m’accompagnaient, on y avait encore invité tous les officiers généraux de la province, savoir, 1° Le viceroi, le tsiang kiun, les deux tou tong, l’yen yuen, qui étaient les plus distingués. 2° Les mandarins en chef de la douane : comme ils changent tous les ans, ils portent le titre de kin tchai, c’est-à-dire, d’envoyés de la cour, et par cette raison les mandarins qui suivent, leur cèdent le pas. 3° Le pou tching ssëe ou trésorier général ; le ngan tcha ssëe ; les tao, qui bien qu’officiers généraux et de considération, et néanmoins d’un rang inférieur aux premiers, étaient assis sur une ligne différente, c’est-à-dire, que leurs chaises étaient un peu retirées en arrière, différence qui s’observe aussi à table.

Lorsque tous les conviés furent arrivés, on passa de la première salle dans celle du milieu, où étaient disposés deux rangs de tables, vis-à-vis les unes des autres, suivant le nombre des conviés. Dans ce mouvement, de même que quand il fut question de s’asseoir à table, il fallut faire et recevoir beaucoup de révérences à la chinoise après lesquelles il n’y eût pas moyen de se défendre de l’honneur que le tsong tou, et à son exemple tous ces Grands mandarins, firent aux kin tchai de s’asseoir aux premières tables.

Ensuite, selon ce qui se pratique dans les festins qui se font avec les cérémonies chinoises, tel qu’était celui-ci, il prit des deux mains une petite tasse d’argent, remplie de vin, avec la soucoupe, et me l’ayant adressée il se mit en devoir de la porter lui-même sur la table qui m’était destinée, avec une paire de quai tsëe, (ce sont les petits bâtons dont les Chinois se servent à table, au lieu de fourchette) ; j’allai au-devant de lui, pour l’arrêter et l’empêcher de prendre cette peine. Puis ayant voulu faire le même honneur aux autres conviés, ils s’excusèrent de la même manière, après quoi chacun prit sa place, et se mit à la table qui lui avait été marquée.

Ces tables étaient toutes de la même forme ; de figure carrée et vernissées au nombre de 16 ou 18 autant qu’il y avait de conviés ; elles étaient