Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/166

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il faut avoir grande attention au style, lequel doit être différent de celui qui est en usage dans les entretiens ordinaires : le caractère qu’on emploie, demande une nouvelle attention ; plus il est petit, plus il est respectueux : il y a des distances à garder entre les lignes, et des termes d’honneur à employer, selon le rang et la qualité des personnes à qui l’on écrit. Le cachet, si on l’applique, se met en deux endroits, sur le nom propre de celui qui écrit, et sur les premiers caractères de la lettre ; mais pour l’ordinaire, on se contente de l’appliquer sur le sachet qui sert d’enveloppe.

Si la personne qui écrit est en deuil, elle met un petit papier bleu sur le nom propre. La lettre une fois écrite, on la met dans un petit sac de papier, sur le milieu duquel on colle une bande rouge de la longueur de la lettre, et large d’environ deux doigts, et on écrit ces deux mots nuy han, c’est-à-dire, la lettre est dedans ; on la met ensuite dans un second sac de papier plus fort, qui a une bande de papier rouge semblable à la première, sur laquelle se mettent en gros caractères, le nom et la qualité de celui à qui on écrit, et à côté on écrit en plus petits caractères la province, la ville, et le lieu de sa demeure. Ce second sac se colle en haut et au bas, et le cachet s’imprime sur les deux ouvertures, avec ces lettres hou fong, c’est-à-dire, gardé et scellé ; et du haut en bas d’une ouverture à l’autre, on écrit l’année et le jour qu’on a livré la lettre.

Lorsqu’il s’agit des dépêches que les mandarins envoient en cour pour une affaire fort pressée, on attache une plume au paquet, et alors il faut que le courrier qui le porte, marche nuit et jour, et fasse une extrême diligence.


Des festins.

Les Chinois, de même que les autres nations, s’invitent souvent à des festins, où ils se donnent des marques réciproques d’estime et d’amitié : mais c’est principalement dans ces festins que règnent, pour un Européen, la gêne et la contrainte d’une politesse, qui est naturelle aux Chinois : tout y est compassé, tout s’y passe en formalités et en cérémonies. Ils font deux sortes de festins, les uns ordinaires, qui sont de douze ou de seize mets ; et d’autres plus solennels, où l’on sert jusqu’à 24 plats sur chaque table, et où l’on affecte encore plus de façons.

Quand on veut observer exactement toutes les cérémonies, un festin doit être toujours précédé de trois invitations, qui se font par autant de tie tsëe ou de billets, qu’on écrit à ceux qu’on veut régaler. La première invitation se fait la veille, ou tout au plus l’avant-veille, ce qui est rare. La seconde se fait le matin, le jour même destiné au repas, pour faire ressouvenir les convives de la prière qu’on leur a faite, et les prier de nouveau de n’y pas manquer. Enfin la troisième se fait, lorsque tout est prêt, et que le maître du festin est libre, par un troisième billet qu’il leur fait porter par un de ses gens, pour leur dire l’impatience extrême qu’il a de les voir.

La salle où doit se donner le festin, est d’ordinaire parée de vases de fleurs, de peintures, de porcelaines et d’autres ornements semblables : il y a