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Comme c’est l’usage par toutes les villes où on passe, de recevoir ces sortes de présents de la part des mandarins, il n’est pas nécessaire de faire d’autres provisions sur les barques, parce qu’elles suffisent et de reste pour la table du kin tchai, et pour l’entretien de tout son monde.

Quand on offre un présent, outre le tie tsëe ou billet de visite, on joint un ly tan, c’est un morceau de papier rouge, semblable au tie tsëe, sur lequel on écrit le nom de celui qui le fait, et le nombre des choses qui le composent. Lorsque celui qui fait le présent, vient lui-même en personne, après les civilités ordinaires, il vous offre le billet que vous prenez de sa main, et que vous donnez à garder à un de vos domestiques ; ensuite vous faites une profonde révérence pour remerciement. Quand la visite est finie, vous lisez le billet, et vous recevez ce que vous jugez à propos. Si vous recevez tout ce qui est marqué, vous gardez le billet, et vous en donnez un autre sur-le-champ, pour remercier, et pour faire connaître que vous avez tout reçu. Si vous n’en recevez qu’une partie vous marquez sur le billet de remerciement ce que vous recevez. Si vous ne recevez rien du tout, vous renvoyez le billet et le présent qui l’accompagnent, avec un billet de remerciement, sur lequel vous écrivez pi sié, c’est-à-dire, ce sont des perles précieuses, je n’oserais y toucher.

Mais si la personne qui fait le présent, se contente de vous l’envoyer par des valets, ou bien il envoie les choses marquées dans le billet, avec le billet même, et alors vous gardez les mêmes cérémonies, que lorsqu’il l’offre en personne : ou bien il vous envoie le billet se réservant à acheter les choses marquées, en cas que vous les receviez ; alors si vous voulez recevoir quelque chose, vous prenez un pinceau et vous marquez des cercles sur les choses que vous acceptez : on va les acheter sur-le-champ, et on vous les apporte, ensuite vous écrivez un billet de remerciement, où vous marquez ce que vous avez reçu, et vous ajoutez yu pi, pour le reste ce sont des perles précieuses : mais quand il y a du vin, les valets ne manquent guère de se décharger d’une partie du poids, sans qu’on s’en aperçoive, que quand on vient à l’ouverture des pots ou des jarres.

Il y a plusieurs occasions où quand vous avez reçu un présent, la politesse demande que vous en fassiez un à votre tour : cela se pratique surtout vers le commencement de l’année, à la cinquième lune, etc. Quand c’est une personne considérable, ou par sa naissance, ou par son emploi, qui fait un présent, celui qui le reçoit, doit s’incliner profondément devant le présent.


Formalités au sujet des lettres.

Il n’y a pas jusqu’aux lettres que les particuliers écrivent, qui ne soient sujettes à un grand nombre de formalités, dont plusieurs lettrés sont même quelquefois embarrassés. Si l’on écrit à une personne de considération, il faut se servir d’un papier blanc, qui ait dix ou douze replis à la manière des paravents : on en vend exprès avec les petits sacs, et de petites bandes de papier rouge, qui doivent accompagner la lettre : c’est sur le second repli qu’on commence la lettre, et à la fin on met son nom.